Perrine, après sa première expérience de raid en Corrèze, à remis le couvert 2 mois après pour le championnat de France organisé en Drome/Ardeche.

Son récit

Chère Marie,

Comme chaque vacances, mes parents m’ont envoyée en colonie sportive.

(Je finis par me demander s’ils ne veulent pas que je devienne prof de sport…)

Pour les vacances de la Toussaint ils ont préféré m’envoyer proche de la maison, dans le sud de l’Ardèche.

Au début  j’avais perdu tous mes repères  car je n’avais plus les mêmes copains de Corrèze dans l’équipe. J’étais un peu déçue.  On s’était bien amusés pourtant en Corrèze tous les quatre. Il y avait toujours Baptiste dans l’équipe. C’est  le chef .C’est lui qui nous a choisis.

Le premier  jour du grand jeu de piste ça s’appelle le « prologue » on a bien rigolé. J’ai vite compris que j’avais une super équipe. On a fini cette 1ère  étape  5ème mixte. C’était un relais où chacun faisait une épreuve différente.(Natation pour moi, roller pour Bastien, CO pour Ludvik et swimrun pour le chef.)   J’étais contente car on était devant mes copains de Corrèze. Faut dire que Ludvik, il est trop fort. On m’a dit qu’il gagnait plein de compétitions de trail.

Le samedi matin au réveil, c’était tout le bazar  dans ma tête.  Cette fois c’était un d’entre nous qui devait jouer le rôle d’assistant pour les trois autres de l’équipe.  Il fallait  penser à  plein de trucs à la fois : 1ère étape  c’est moi le chauffeur,  je dois aller à cet endroit  à telle heure. Il faudra sortir de la voiture ce sac là pour ses équipiers, remplir l’eau,  moi-même m’équiper pour faire la deuxième section de CO . Il faut donc que je pense à prendre les définitions des balises afin de  trouver leur endroit exact.

Même pas le  temps de dormir qu’on m’annonce direct  l’arrivée de l’équipe 45 à la transition. Ils ont dit que c’était  « du  VTT BOURIN ».  A ce moment là on était toujours dans le game avec les meilleures équipes mixtes.

Moi  j’étais toute fraiche et je voulais enfin courir! Mais j’ai bien compris que le VTT  leur avait fait bien mal aux pattes.  Alors j’ai dit : «  ehhh les gars, on peut ralentir mais surtout on se trompe pas de chemin hein !! »

Ludvik me répond : « Aucun risque c’est facile, c’est du trail »

Finalement on s’est perdus, ils ont dit que la carte était un peu floue.  De toute façon moi je trouve toujours qu’une carte c’’est pas très clair.

En revanche, je sais que quand Baptiste  regarde 3 fois de suite la carte en marchant… c’est qu’on est très probablement perdus.  Parce que Baptiste il marche  jamais. Il va toujours à fond même si ce n’est pas la bonne direction. Du coup nous on passe de la 6ème place à la 16ème  place. C’est rigolo le raid !

Il faut dire que le pauvre Baptiste aussi il n’a pas été gâté avec nous. D’ailleurs je crois que plusieurs fois il n’a plus voulu de moi. Par exemple le deuxième jour, lors de la première section VTT, ils m’ont laissée toute seule au milieu de la forêt avec les sangliers et surtout les chasseurs ardéchois…   je crois pas qu’il y ait trop de loups.. Mais j’avais très peur quand même.

Heureusement je me suis réfugiée avec une autre équipe qui avait pitié de moi en attendant de retrouver la mienne. D’ailleurs un des mecs m’a demandé discrètement « tu sais tu peux rester avec nous si tu veux, même pour les prochaines vacances on te prend dans notre équipe ».

 Je crois que j’ai fait perdre du temps  à tout le monde… Baptiste ne devait pas être très content que je sois nulle comme ça. Mais d’habitude il y a John pour me pousser… alors que là,  personne ne me poussait aussi.

Et puis ensuite j’ai tout donné pour rattraper mon erreur, à fond les ballons on a retrouvé les super équipes. Et hop à fond dans les singles, bam au dessus des racines, à droite, à gauche, single et cailloux partout, je disais même « Tuut tut !! je passe attention » Et oué, j’ai même doublé en descente !! Un chouette VTT digne des terrains ardéchois. 

Bah sauf que Ludvik n’avait pas trop compris que nous étions dans un moment très stratégique de la course.. Il s’est arrêté car il trouvait que sa lampe n’éclairait plus trop bien.  A ce moment là j’ai cru entendre un grincement dans la bouche de Baptiste. Ça faisait tout bizarre  dans la forêt ce bruit ! En plus  Ludvik, il m’a dit que finalement sa deuxième batterie était quasi  morte. Heureusement, ça, il ne le sait pas le chef.

A St-Remèze on a quitté  les vélos et enfilé  nos chaussures de course à pied pour 20 bornes de trail jusqu’à Vallon Pont d’Arc.  Whouaaaaa,  c’était magique.  Soleil levant,  couleurs automnales. Puis descente dans le calcaire du canyon de «  pisse vielle. » (Toponymie typiquement ardéchoise !) Puis remonté sur le plateau  avec une vue splendide sur les collines et les sentiers de mon pays.  C’était un moment formidable avec toute l’équipe.

Nous somme arrivés à Vallon Pont d’Arc sous le soleil pour la dernière section de kayak. 30 km jusqu’à St- Martin d’Ardèche.

PFFF ! Je suis sure que  parents se sont trompés de case à l’inscription… ils ont choisi des kayaks «  touristes. » On n’était pas très content avec les copains. Nous on avait des kayaks Michelin bibendum, tandis que les autres, eux, ils avaient des fusées profilées avec rudder ! La rivière était calme mais moi je n’avais pas de protection, je me prenais toutes les vagues. Un moment, Je crus entendre un nouveau grincement  de dents avant de comprendre que c’étaient les miennes qui claquaient de froid. Je grelottais. Pendant que les fusées jupettes nous dévoraient à toute blingue.

Quand tout à coup à la sortie de kayak, mes parents ont surgi de nulle part  pour nous accompagner jusqu’ à l’arrivée ! Quelle joie !

Au final, nous n’avons  pas gagné de podium, mais des  nouveaux copains !

PS : j’ai oublié de te dire : j’ai vu la fille de mon équipe de Corrèze.  Que dis-je ? Aperçue : Elle m’a déposée  en pleine montée avec deux sacs sur le dos et un aller-retour gratos pour s’occuper d’un équipier… Il faut peut- être que j’arrête le triathlon.  Pas sûr que je puisse devenir prof de sport.

Les belles photos sont de Cyril Crespeau.