En ayant fait mon plus gros objectif de la saison estivale, j’arrivais samedi à Barcelonnette dans les Alpes du Sud, accompagné de mes deux parents, non sans une légère petite pression sur les épaules.

Barcelonnette est une petite ville très sympathique, nichée au coeur des montagnes. On y accède depuis Gap en une heure en passant à proximité du barrage et le lac de Serre-Ponçon.

C’est seulement quelques jours avant la course que mes parents proposent de m’encourager. Nous choisirons donc un camping et une arrivée la veille.
Le soir du samedi est occupé à installer le campement, étudier le parcours et les points d’encouragement du lendemain. Je retire mon dossard et nous nous offrons un repas au restaurant avec un petit extra au dessert.

classique pâtes bolo

classique pâtes bolo

un chocolat liégeois

un chocolat liégeois

La nuit se passe vite et bien, le chien a été sage pour sa première fois en tente.

Le départ est prévu à 8h30 et nous sommes sur place 1h en avance.
Je n’ai pas fait très attention à mon petit déjeuner et ai choisi des céréales au chocolat qui changent de l’habitude.

Après un bref échauffement et les derniers besoins d’usage, arrive vite l’heure du départ.
1 minutes avant le coup de feu, j’aperçois enfin Mick du club. On échange quelques mots et déjà le coup de feu est donné.

Le gros peloton part bon train dans les petites rues piétonnes de Barcelonnette.

Départ dans les rues piétonnes

Départ dans les rues piétonnes

Mick me met sa montre blanche sous le nez : le matos le lâche… il est parti pour une course à l’aveugle.

Je ne me laisse pas trop distraire, et ne m’endors pas sur un faux rythme. Je profite donc de ce début très plat (6km) pour me placer et prendre un bon rythme: pas trop vite mais pas trop lent non plus, allure marathon disons. Les céréales passent moyen, mais vu le rythme ça va.

Je perds assez vite de vue le tee-shirt vert fluo de Guillaume Lenormand. C’est dur de ne pas se laisser emporter par le monde. Le départ étant commun avec le 23km, difficile de savoir où l’on en est.
Les premiers kil, sur la route, puis le long d’une rivière s’enchaînent bien. Les jambes sont super bonnes, je fais attention à ne pas griller de cartouche et me force à ne pas aller trop vite. 25 minutes de course et nous voilà au pied de la première côte.
Les parents sont là, et m’encouragent. Je suis vraiment bien.

Le début des hostilités

Le début des hostilités

Nous nous enfonçons dans les bois et dans la montagne pour 800m de dénivelé, dans un premier temps.

Je reviens rapidement sur les coureurs qui me précédaient sur le plat quand les montées sont raides. Sans me mettre dans le rouge, je n’ai pas de problème à monter à 1200m/h. Je reste prudent mais double un peu.
Nous arrivons rapidement après 400m de dénivelé environ sur une partie longue et plus roulante où s’alternent montées et descentes sur un flan. Le single-track est technique et vraiment très beau. Je cours facilement et me force à marcher quand ça monte. Après un bon quart d’heure sur ce chemin très ludique, nous attaquons la fin de la montée vers le premier col.
Ici, sur un beau point de vue, se séparent les deux parcours.
J’arrive en haut toujours très bien et attaque la descente sereinement. Beaucoup de monde parmi les coureurs qui me côtoyaient partent sur le petit parcours.

Un sentier ensoleillé très ludique et en balcon nous emmène vers le second ravitaillement et le kilomètre 14. La descente est technique et très belle. Je me freine pour garder des jambes. 1h30 de course et me voilà au ravitaillement. Mon père m’aide à remplir ma poche avec l’Hydrenergie préparée à l’avance.

Mon arrivée à R2

Mon arrivée à R2

Assistance

Assistance

Je ne traine pas et repars pour 1200m de dénivelé positif vers le sommet du chapeau de gendarme, point culminant de la course.
Je prends un rythme de 1000m/h et essaie de ne pas en bouger. Le chemin serpente au soleil entre les bouleaux, les alpages et les herbes hautes. Il fait déjà chaud, il est 10h30. Je ne fatigue pas trop, ce train me va bien.
600m plus haut et une grosse demi-heure, nous attaquons une partie plus roulante sur le flanc. C’est toujours super joli dans les mélèzes. Nous rattrapons la course du 23 et des traileurs et traileuses moins rapides. Tout le monde est de bonne humeur et il n’est pas difficile de doubler.
Après 15minutes, au ravitaillement où se séparent à nouveau les deux parcours, j’ai rejoint mes deux prédécesseurs. L’un d’eux s’aperçoit avec effroi que sa poche à eau fuit… ça ne l’empêche pas de nous lâcher rapidement sur le chemin de nouveau raide vers le sommet.
2h30 de course et je suis toujours très bien dans les jambes, je suis content. On discute un peu avec mon prédécesseur qui m’ouvre la marche. Nous partageons notre émerveillement sur la beauté du paysage.
Les premiers concurrents sont en vue dans un passage plus technique au dessus.
Vers 2h45, je me sens défaillir d’un coup : plus de jus. Je m’empresse de manger une barre, par réflexe, mais j’ai du mal à puiser l’énergie pour les derniers 200 mètres de dénivelé. Mon camarade de côte me lâche doucement.
On passe une main courante et un court passage d’escalade où je suis à la peine.
A la sortie nous sommes nez-à-nez avec des bouquetins majestueux. Les spécimens ont l’air assez âgés et ont de superbes cornes.

Bouquetin sur le parcours Crédit Stéphane Pillet

Bouquetin sur le parcours © Stéphane Pillet

Je salue le guide qui assure la sécurité du passage, et essaie de me presser vers le sommet, maintenant à vue. Je sens que je perds le rythme… Après encore un gros effort, je rejoins le sommet, en un peu moins de 3h et vraiment vidé… Je suis 13ème homme.

Sommet du chapeau de gendarme Crédit Stéphane Pillet

Sommet du chapeau de gendarme© Stéphane Pillet

La descente est technique et je garde en tête les 500m de dénivelé et 18kms restants. Tout le reste du parcours est difficile.
J’arrive à courir en descente, sans trop de mal, mais ne trouve plus le jus pour les montées et me cantonne à 12m/min sur mon alti. Isabelle JAUSSAUD, la première fille, est en vue, je sais qu’elle va me rattraper.
Je me fais d’abord passer par un mec en bleu, qui a su garder du jus.

Après une première grosse descente sur les pistes de skis, un peu trop tapante à mon goût, je rejoins mon collègue de montée au dernier ravitaillement. Bientôt 4h de course, ça fait mal… Je bois pas mal d’eau.

Une terrible montée en plein soleil m’attend et m’achève. Isabelle me passe avec un petit mot sympa d’encouragement.
Je suis vraiment vidé et sens que je perds beaucoup de temps.

Heureusement le parcours descent à nouveau. Même bien cuit, je sais descendre assez vite. Les descentes c’est mon truc.
Je retrouve les parents un peu au dessus de super Soze. Je profite de la gourde de mon père pour boire encore une gorgée d’eau plate. Je sers les dents, la fin ne doit pas être loin.

On allonge la foulée s'vous plait...

On allonge la foulée s'vous plait...

Un peu d'eau plate et ça repart...

Un peu d'eau plate et ça repart...

Dans la station l’accueil est chaleureux et je salue les gens qui m’encouragent.

On contourne les habitations et le chemin part à flan. C’est plat et je n’ai plus la force d’allonger. Les muscles sont très bien mais le dos me fait mal et je n’ai plus d’énergie. Je me force à manger une Power Barre en entier (quel dingue je suis…).

Je profite d’un petit ruisseau pour boire encore pas mal d’eau. Je ne suis pas à sec, mais je suis fatigué de mon produit énergétique et ai peur de le vider avant la fin.
Manger et boire. Voilà ce qu’il me manquait. Je repars bon train.
Une ultime montée, et on m’annonce 5km de descente pure ! yakou ! Je rattrape un coureur qui m’avait dépassé pendant mon coup de calgon. Le pauvre a des crampes.
Cette descente est meilleure et plus jolie. Juste avant de rattraper la vallée je me fait doubler et laisse filer un coureur.
Nous arrivons sur la route, il reste 800m peut-être.
Je ne peux pas laisser filer ce gaillard ! non ! pas moi ! pas avec ma vitesse de jeune !
Je tire un peu, ce que j’arrive sans trop de mal (à ma surprise) à réaliser.
Je le double et le distance.
La fin est difficile mais je sers les dent,
L’arche, enfin, … je lèves les bras…
4h40 ! moins de 5h ! objectif atteint ! aïe aïe…

Arrivée, enfin

Arrivée, enfin

Je m’assois à l’ombre, dans l’herbe, non loin de l’arche. Je savoure l’arrivée et la position assise. Les parents sont là pour m’assister.

Mick arrive rapidement, à peine 10 minutes derrière, super content de sa fin de course (tout le contraire de moi).

BILAN: Mon premier trail de cette envergure s’est bien passé. Musculairement j’étais top. Sûrement une hypo due à ma non-alimentation durant les premières heures. Hydrenergie est un produit super mais qu’il faut quand même compléter dans des efforts d’une telle durée.
C’est la première fois que je cours si longtemps en compétition. 4h40. sacré perf non? 🙂
John John doit en rire, lui qui est finisher de la Sainté cette année 😀
Côté parcours et organisation: au top ! assurément l’un de mes plus beau souvenir trail !

Gaëtan

ANNEXE: le classement est ici.

NB: le résumé vidéo donne une bonne idée du caractère aérien de cette super manif :