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C’est en janvier que je reçois un appel de Denis pour me proposer de l’accompagner, avec Alex et Nelly les Ardéchois, dans une grande aventure au Chili. Le raid Tierra Viva Expedition race.
Je croise souvent Denis et sa femme Sandrine qui habitent eux aussi à côté de Grenoble, sur les Gresivaudan Xpress, les épreuves d’orientation du challenge grenoblois et les courses du coin.
Alex je le connais aussi, nous avons couru mon premier raid in France ensemble. Un très bon souvenir.
Difficile de dire non donc, c’est si compliqué de construire une équipe pour de telles aventures que l’opportunité est trop belle.
Quelques jour plus tard Fanny et Manu Lang (DSN 74) m’appellent : Ils souhaitent eux aussi faire le Chili, ont des finances et cherchent un 4ème.
Je me suis engagé avec les 3 autres, je ne peux pas les laisser tomber. Je décline donc malheureusement et leur propose Nicolas Rambier.

Mon équipe est motivée et les billets sont achetés rapidement.
On programme à 4 le raid des collines (dans le Royans) début mars pour se roder (où Alex Dimitriou remplacera Denis bloqué du dos). On s’organise aussi un weekend en Ardèche après les Dentelles.
Rapidement nous avions pris la décision de monter un financement participatif sur le site Sponsorise.me.
Je profite donc de ces lignes pour remercier toutes celles et ceux qui nous ont aidé par ce moyen. Nous avons ainsi pu réaliser cette aventure hors du commun grâce à vous.
J’espère que les contreparties vont vous plaire.
C’est aussi grâce au soutient du département de l’Ardèche que cette belle aventure à vu le jour. Alors merci l’Ardèche !

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Le voyage vers l’Amérique du Sud se passe sans encombre. On réussit à faire passer nos vélos comme seul bagage en soute. Cela nous oblige à être sobres (23kg vélo, matériel dont chaussures et caisse compris, il ne reste pas beaucoup de place au confort). Mais cela nous permet de voyager à moindre coût.
Le vol entre Madrid et SanTiago du Chili est effectué dans un avion flambant neuf et quasiment vide. Quel confort : 3 sièges chacun !
On loupe la dernière correspondance vers Temuco, un aéroport plus au Sud. Rien ne presse, on attrapera le suivant pour arriver à destination avant la nuit.
Les deux jours précédents le départ nous permettent de faire quelques emplettes pour la course, de faire un petit tour à vélo et d’essayer deux ou trois restaurants plus ou moins locaux.
La ville de Pùcon ressemble à un petit Chamonix du Chili. Beaucoup de magasins de sport et de montagne. Également de nombreuses échoppes proposant des excursions de raft et kayak : on a du mal à accepter que notre navigation se résumera à un tour de raft sur lac.
On guette les fenêtres météo pour entrevoir le super volcan Villarrica qui domine la ville.

La Ville est dominée par le Volcan

La Ville est dominée par le Volcan

Malgré toutes ces activités, le départ se fait attendre !

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Samedi soir a lieu le meeting des capitaines. Seulement 10 équipes sont au départ de cette édition 2016. Parmi elles, on note les copains français DSN 74 Hoka avec Manu, Lionel Niko et Fanny.
Le Team Movistar, très bien classé au niveau mondial. Parmi ses membres les deux championnes américaines Jari Kirkland et Sari Anderson.
Le Team Walhalla Expedicion Guarani avec l’anglais Nick Gracie (Team GodZone, qui viennent de remporter la Patagonia Expédition race avec Jari), et deux membres du team Columbia Vidaraid, qui étaient sur le RIF l’an dernier, Urtzi Iglesias et Joanne Thom.
Et enfin le Team Trail del Viento avec Barbara Bomfim, la féminine « officielle » du team Vidaraid.
Le briefing est très rapide.
Le raid est simple : deux sacs assistance que l’on retrouvera pendant la course. Les vélos ne sont jamais transportés, on part en trek en boucle depuis l’assistance où on les pose.
Les PCV sont des points particuliers à prendre en photo (une photo sans personne, une photo avec les 3 équipiers). On part sur chaque section avec un exemplaire de l’ensemble des photos des CPV à trouver.
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La position de ces PCV doit être reportée depuis une carte mère au départ de chaque section. Ca permet à l’organisation d’adapter la course au fur et à mesure en cas de mauvaises conditions météo ou autre.
Je trouve le principe adapté à un raid long de ce type. (Pas besoin de doigts électroniques, impossible que le PCV disparaisse.)
Un tirage au sort nous a attribué le dossard 5. Les départs auront lieu le lendemain, toutes les 5 minutes à partir de midi.
Une dernière grosse nuit suivie d’un bon petit déj. Les sacs assistance sont pesés et rendus. Il fait beau, pourvu que ça dure.

Avant la course

Avant la course

Le premier départ est donné à 12h, comme convenu. Le team Walhalla détalle.
Avec le dossard 2 les Frenchies s’élancent à leur tour rapidement. Dommage, on ne risque pas de les croiser beaucoup.
A 12h20 c’est enfin notre tour. Après avoir fait le report des postes, on s’élance en file indienne sur la route. Les premiers kilomètres s’enchaînent bien. Je reste attentif à tous. J’essaie de prendre mes marques sur la carte, comment sont cartées les pistes, les routes… la vitesse de progression. J’observe aussi la végétation.
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Nous progressons vite et ne croisons personne. Après PCV 2 et 3 reliés par un petit chemin ajouté sur la carte au moment du report, on se retrouve sur la route goudronnée où l’on roule à vive allure. Il faut faire le tour du lac.
La piste que l’on retrouve plus d’une heure après avoir commencé le bitume est salutaire. On est bien mieux sur la terre battue !
PCV 4 est suivi par une courte montée faite à pied qui soulage un peu les jambes et le postérieur.
Une belle descente à l’ombre et au frais me réveille, j’attends les copains en bas. ils tardent un peu.
Denis est tombé. A priori rien de grave, on repart sans tarder.
PCV 5, on fait un choix un peu plus sauvage qui nous emmène aux travers de belles petites fermes.
– « C’est chat noir chat blanc » glisse Alex.
Il est vrai qu’on se croirait dans un film de Kusturica. Les chiens, la basse-cour avec les oies les poules et les canards. Ambiance.
Une belle montée est à suivre. On y rattrape l’équipe 1 qui n’est autre que Walhalla. On s’arrête au ruisseau suivant faire le plein des bidons. Denis a mal au crâne suite à sa chute. Il sert les dents et endure.
PCV 6 puis on descend au creux de la vallée et on met les pieds dans l’eau. rafraîchissant.

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A la sortie on retrouve Walhalla qui me demande où se trouve le PCV 7 car ils ne l’ont pas reporté.
Denis prend un cachet pour son mal de tête.
Après une belle remontée, on relance sur des pistes roulantes alors que la nuit tombe. Je m’aperçois ici que j’ai perdu la photo des différents PCV ! (vitesse + porte carte qui ne ferme pas). Il faut donc deviner à quoi ressemble le PC7 pour prendre la dernière photo. Je range les cartes dont je n’ai plus besoin pour pouvoir fermer correctement le porte carte. Walhalla a pris le large.
Après une nouvelle longue portion en bord de lac, on croise nos premières frontales. Ce sont les Français que je m’empresse d’interpeller pour connaitre l’apparence de PCV 7. Manu m’explique que c’est un panneau facile à trouver.
Ils ont fait le choix de l’aller-retour.
Je ne fais pas assez attention au relief peu lisible de la carte et considère que l’aller retour est sans doute une bonne option mais que le tour est plus intéressant. De plus nous n’avons pas croisé d’autre frontale ce qui me conforte dans mon idée. Nos prédécesseurs font aussi le tour.
Je vais rapidement regretter mon choix en faisant prendre 150m de dénivelé bonus à l’équipe. De quoi laisser à l’équipe de Manu une belle avance. (presque 2h à l’arrivée)
Dans la descente on aperçoit un petit animal type chevreuil mais très court sur pattes.
Il sagit d’un Pudu Puda, le plus petit cervidé du monde qui est en danger.

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Au bas de cette descente on retrouve Walhalla qui ne sont ni à l’aise sur l’orientation ni très en forme.
Le sentier est beau mais peu roulant et avec quelques barrières à franchir. On termine à deux équipes cette longue section.

Après une transition efficace, on enchaîne sur le premier trek de l’épreuve, 35 km. Au programme le Volcan Choshuenco.
On est second au classement, le moral est top.
Petit trot quand la pente le permet, bonne ambiance dans l’équipe. On récupère le PCV1 sans mal.
La suite est plus raide. Le chemin « dré dans lpentu » use les mollets.
A la sortie de la forêt on marque la pause. Le temps pour les copains d’une micro sieste, pour moi de remarquer le Villarrica en feu au loin. Instant magique de cette nuit claire.
Je cherche la croupe pour le poste PCV2. Je choisis la mauvaise et c’est Walhalla qui me recale par le bas. Denis fait une petite hypoglycémie et galère un peu avec ces grosses Hoka dans la pouzzolane dure du volcan. On prends la photo à 8.
On part à flan. J’identifie un rentrant important où coule un ruisseau et attaque ma descente. (regardez la carte pour mieux comprendre la suite)

Choshuenco

Trek 1, les 3 postes au Nord. CPV2 à CPV3 à posé des problèmes à tout le monde

Au pied aucune trace ne part. Alex et moi faisons un flan à droite mais on ne trouve rien non plus.
Les frontales de Walhalla ont disparu dans la jungle.
On rassemble l’équipe et nous partons à nouveau avec l’idée d’aller au plus loin à droite jusqu’à trouver l’entrée du chemin.
Malheureusement on tombe sur Movistar. Jari insiste pour me dire qu’il n’y a rien plus loin à droite et que la trace est forcément derrière nous.
A ce point j’aurais dû continuer notre plan, mais je décide de les suivre. On attaque le bush qui devient rapidement infranchissable à vitesse raisonnable. Je fais demi tour.
On essaie un peu plus loin sans succès.
Je finis par dire stop : on dort quelques temps et nous reprendrons les recherches de jour.
Sonnerie à 7h puis 7h30,… le jour tarde à pointer.
Je réveille finalement la troupe un peu avant 8h. Je profite d’un rangement rapide pour faire un premier point en hauteur. Il fait grand beau.
J’essaie de faire coller les gros reliefs que j’identifie avec les vallons de ma carte. On se met d’accord avec Alex et Denis sur une croupe à suivre et on s’engage dans le bush. les pointillés ont sans doute disparu, on trouvera bien la piste.
Arrivés à l’altitude souhaitée, pas de piste. Ici la sagesse voudrait qu’on remonte.
Mais on espère tous trouver rapidement la piste et s’envoler enfin pour la suite.
On décide donc, à tord, de continuer à couper en diagonale vers la droite dans l’espoir de tomber sur l’objet de notre convoitise.
On passe de profonds vallons où il faut descendre dos à la pente accrochés à la végétation. On remonte en face en passant sous et sur des troncs humides, accrochés aux racines. On se retrouve vite dans les bambous extrêmement difficiles à traverser. Grosse pensée à Benj qui nous a dit de les éviter à tout prix…

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Ce que l’on identifie comme des perroquets volent en groupe au dessus de nos têtes. (certainement des Conures à long bec)
Je mets à profit les rares points de vue sur la vallée à travers les arbres pour faire une ou deux visées à la boussole. Je mets mes résultats totalement fous sur le compte de mon incompétence.
On profite des faiblesses du terrain (souvent des petits vallons ou des ruisseaux) pour progresser un peu plus vite.
Après plusieurs heures de bush, on tombe enfin sur une piste presque horizontale. A nos yeux suffisamment importante pour être cartée. Au vue de l’altitude on pense être à droite de notre piste verticale. On marche donc dans sa direction. Mais soudain notre nouvelle piste s’arrête.
Je m’assois sur un tronc pour essayer de comprendre.
Des voies se rapprochent alors : c’est Movistar ! Jari me dit qu’elle pense savoir où ils sont, que la balise est forcément un peu plus haut. On leur emboîte le pas.
On se retrouve à suivre une barrière, sur une trace bien verticale. ça pourrait coller ? Mais cette trace se perd peu à peu. Je perds confiance et décide de rebrousser chemin, retrouver la piste sur laquelle on a débarqué et de la poursuivre pour se recaler sur un élément sûr, comme un croisement de route ou un sommet.
Cette dernière stratégie est la bonne et nous arrivons sur une zone que l’on identifie sur la carte. Nous étions bien trop à l’Ouest ! Comme le laissait paraître toutes mes visées sans vouloir les croire !!
Je prends une sacré dose d’expérience.
On découvre enfin le poste. Movistar nous rattrape et dynamise un peu notre retour dans la vallée.
Arrivés 5 minutes avant à la transition, ils repartiront avec le même écart.
On profite du restaurant pour prendre un bon gros sandwich. Les copains français sont 6h devant. Nous sommes 5ème, Movistar 4ème.
Avec tout ce jardinage, on est surpris et motivés.

Le départ du prochain trek se rejoint en VTT.
On attaque sereinement cette nouvelle section, à bon rythme. Direction le volcan Mocho tout proche du Choshuenco de la veille. 45km au programme.

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On croise les copains qui redescendent déjà. Ils nous parlent des superbes paysages qu’ils ont vu ce jour. On les encourage, ils ont l’air bien.
La nuit tombe. On tarde volontairement à allumer nos frontales tant qu’on est sur la piste. Sauver de la batterie et reposer les yeux.
Arrivés au niveau du ruisseau près du refuge, on remonte le lit sans hésiter. Sans trouver de meilleur itinéraire sur le bord on se retrouve rapidement les pieds dans l’eau. Mais ce cheminement technique fait du bien. C’est tellement mieux que les 1000m avalés sur la piste les heures précédentes.
On aperçoit des frontales devant : c’est Movistar ! Ils sont sur le bord, du ruisseau, on imagine qu’ils font le plein d’eau.
On leur emboite le pas. Je demande régulièrement l’altimètre et scrute le bord. Le poste n’arrive pas …
Jari nous glisse plus loin qu’ils ont déjà eu le CP et qu’il n’est pas facile à trouver.
Je rage. Je sais que c’est à l’endroit où l’on a cru qu’ils prenaient de l’eau. Pourtant c’était trop bas, non ?
Je dévale le torrent en courant, peu importe le risque, il me faut cette photo rapidement. Je prends le cliché précisément là où je l’avais imaginé et remonte aussitôt.
Je rassemble mes camarades un peu plus haut pour la photo de groupe. 20 minutes de perdues qui vont nous couter cher.
Les lumières de nos prédécesseurs sont encore en vue, je les ai vu sortir du torrent.
Bloqué contre des cascades j’invite mes coéquipier à grimper la rive abrupte pour quitter le lit du court d’eau.
Ils s’exécutent après avoir vidé leurs chaussures mouillées et pleine de sable. La berge est un immonde bush. Heureusement très peu de plantes sont agressives. C’est vraiment très dense et consommateur d’énergie mais pas blessant. Je fournis un gros effort pour sortir rapidement et les guider d’en haut.
C’est Denis qui galèrera le plus à se sortir de se traquenard.
La suite est plus agréable sur le chemin de rando qui mène sous le glacier. Je vois Movistar au loin.
Le brouillard descend alors qu’on atteint l’altitude du poste. Ho non ! Je me dépêche de chercher dans tous les coins, visibilité 5m… La poisse.
Si je le trouve très vite, avec un peu de chance le brouillard n’aura pas atteint le bas des pentes et le poste 3.
Je débusque le poteau que nous cherchions assez rapidement, notamment grâce à la photo où l’on devine qu’il domine un peu le reste, sur une butte.

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vous cherchez …

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… vous trouvez

On attaque sans tarder la descente dans la purée de poids. J’essaie de trouver le relief dont on m’a parlé, ce dôme qu’il faut descendre en laissant à gauche le « cratère ».
La boussole s’affole de temps en temps avec les pierres ferreuses du sol, mais la direction semble bonne.
Impossible cependant d’être certain de notre position dans cette purée.
A 1500m d’altitude je prends le cap et on file sur le poste. On cherche un rocher dans une lande couverte de … rochers. Il y en a partout. On fouille en long en large et en travers. On se sépare.
Bien à gauche, bien à droite… On essaye tous les rochers, un peu toutes les alti… rien n’y fait, impossible de trouver ce foutu poste. C’est rageant. Il est sensé être visible de loin !
Après plusieurs heures de recherche Denis propose de faire un petit feu pour se réchauffer.
Les plantes de landes type rhododendron brûlent bien mais trop vite. On se réchauffe un peu mais cette solution n’est pas pérenne. on reprend un peu les recherches.
Je décide de retourner avec Alex sur le dôme sensé être notre point d’attaque. La nuit est toujours opaque et le poste reste mystérieusement invisible.
Le schéma se répète, il faut dormir et attendre le jour. Laisser encore filer les heures et les équipes qui nous précèdent. C’est dur.
8h, le jour s’est enfin levé. Je décide d’aller faire le point seul avant de réveiller les 3 autres. Denis se réveille et me demande si j’ai besoin d’aide. J’espère trouver rapidement le poste avec le jour.
Je prends de la hauteur. Identifie les reliefs et la végétation pour redéfinir la zone de recherche.
Nous avons cherché au bon endroit, parfois un peu trop large, mais elle devrait vraiment être par là.
Ce n’est rien en particulier, pas un vallon ou une butte, on ne sait toujours pas par où prendre le problème.
Les copains se lèvent. On continue comme la veille à chercher en ratissant large. Je descends au plus bas près des arbres.
En remontant je dis à Denis que je tente une dernière chose : remonter le canyon depuis le fond et lui laisse entendre qu’il faudra sans doute abandonner après ça.
Il m’accompagne. Alors que je m’attarde à faire le plein d’eau dans une flaque, Denis m’annonce qu’il l’a trouvé !
Elle était dans le fond du canyon, à la bonne altitude.
Nous sommes passés plusieurs fois à quelques mètres d’elle, mais impossible de la trouver dans le brouillard et sans point d’attaque ni ligne d’arrêt.
Il est 10h du matin passé, nous avons commencé à chercher cette balise avant 2h. Outch. là on a pris un tir. La faute à 10min trop tard. 10 minutes de purée de pois devenues 8h de galère.
On apprendra à la fin de la course que les équipes qui nous précédaient on trouvé ce PCV très rapidement depuis le haut, très visible sans brouillard.
La troupe repart usée terminer la section.
Alors qu’on rejoint la piste, Denis nous annonce soudain qu’il a perdu son casque ! il décide d’y retourner et nous propose de descendre sans lui, il nous rattrapera. Je lui laisse la carte.
Décidément…
Il nous rattrape à la moitié de la descente. On retrouve nos vélos vers 13h30.

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La section suivante est courte, 20km de raft sur le lac. Mais le vent se lève, il fait gris. En longeant la berge on réussit à se protéger des rafales et des vagues. Après le premier poste, un effort considérable est nécessaire pour rejoindre le poste 2 que l’on photographie de loin. Alex branche sa montre GPS pour vérifier qu’on a bien une vitesse horizontale positive. Le dernier PC, le plus éloigné, semble inaccessible. la pluie s’invite et semble être là pour rester. Après 30min de galère dans sa direction, on décide d’accoster pour porter notre bateau le long de la rive, sur la plage. L’opération est fastidieuse mais au moins on avance un peu. Je termine en courant sur la plage pour photographier au mieux le 3ème et dernier CP.

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Bisous humides du Chili

On saute dans le raft en espérant que le vent nous pousse rapidement à l’arrivée, notre point de départ. Les vagues sont grosses et nous bousculent. Après presque 1h d’effort, l’étroitesse du lac que nous avons en point de mire ne se rapproche pas. C’est la berge en roche qui nous menace. Le vent à un peu tourné et nous bloque. Impossible de passer le cap. Désespoir… On décide d’abandonner le bateau sur la plage et de rentrer à pied par la route. C’est la seule option. La pluie est maintenant très intense et il fait nuit. De retour au PC transition on explique la situation et le danger avec les rochers. Alex et Nelly sont d’anciens hauts niveaux en kayak eaux vives, je sais que ce n’est ni un manque de volonté ni de compétences, mais bien l’incapacité technique de terminer la section qui nous a bloqué. Les organisateurs ont compris.
On loue une chambre pour quelques heures. Le repas chaud nous fait du bien.

Après 120 minutes de sommeil, on repart séchés et reposés sur nos vélos pour une grosse section de 150km.
Le report des postes a été douloureux pour moi quand j’ai découvert qu’on effectuait une énorme boucle dans un parc, entrée et sortie par le même chemin.
On s’élance sous la pluie mais confortablement couverts.
La route goudronnée du départ se transforme rapidement en piste. On pénètre ensuite dans le parc par le portique par lequel il faudra ressortir dans plusieurs heures.
En route vers le PCV1, la pente est sévère. Le fait que ce soit un aller retour, sous la forte pluie forte et le froid me brise le moral.
Mes calculs ne m’encouragent pas d’avantage. Il nous reste 110km à pied, le double à vélo et 25 supplémentaires en barque. On a pas fait la moitié du raid et pourtant on est au coeur de la 3ème nuit.
Je traine la patte. Les copains sont devant. Surtout Nelly qui est impressionnante et reste sur le vélo dans des pentes indécentes.
Je trouve facilement le premier poste. C’est toujours une source de motivation : on avance.
Sans alti, je demande régulièrement où nous en sommes aux garçons. Mais je ne sais jamais si leurs montres sont décallées ou si elles affichent quelque chose de cohérent.
J’ai bien l’impression qu’on est trop haut. Dans le brouillard et sous la pluie je ne vois pas la piste tourner à gauche comme elle devrait. Je décide de faire demi tour : ça doit être plus bas.
On redescend au niveau du poste 1 mais sur une piste non cartée parallèle. Il faut remonter. En avant finalement par une 3ème piste.
Les conditions sont vraiment difficiles avec pluie, brouillard nuit et froid. Sans consulter mes 3 coéquipiers, je rentre dans un des bâtiments de la station de ski dans laquelle on se trouve.
Ce dernier semble être la salle hors sac.
Il y a un poêle et du bois.
Alex se croit dans un silo lance missile russe (les bâtiments sont cylindriques et semi enterrés).
On décide rapidement de faire un feu et de rester un peu au chaud. Je ne suis pas capable de les guider efficacement dans mon état avec les éléments déchainés au dehors.
Les vêtements sèchent, les corps se reposent et se réchauffent au près du poêle : notre bienfaiteur.
On reste très longtemps, le temps de reprendre l’envie et la force de parcourir les nombreux kilomètres restants.

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Le départ est bien agréable: la pluie a cessé, il fait jour.
Je sais qu’avec ce long repos la section pourra être complètement bouclée.

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Je retrouve sans mal la bonne piste et m’aperçois que nous avons fait demi tour à environ 5m du virage à gauche la veille. foutue météo.
De beaux arcs en ciel nous accueillent dans la vallée.

Arc en ciel

Arc en ciel

On empreinte de belles pistes, sur un plateau puis le long d’une belle rivière qu’Alex aurait bien dévalé en raft.
Nous sommes dans une réserve naturelle.
Après le poste 3, il y a un bon petit col à grimper. On fait la même erreur que nos prédécesseurs en loupant la piste à droite, cachée derrière des rondins. Quelques mètres de dénivelé en rab. Désolé les copains.
Poste 4, les corps sont vidés, on s’arrête rapidement à l’abri mais personne n’a plus rien à manger de réconfortant et le toit de notre maisonnette est percé de toute part.

Le PCV est une cabane en mauvais êtat

Le PCV est une cabane en mauvais êtat

Encore un col qui passe un peu mieux que son aîné, une grande descente et les alpagas nous accueillent pour la dernière balise PCV5.

Le 4ème est un local

Le 4ème est un local

On appuie un peu plus sur les pédales sur le retour, notamment Alex qui a hâte de terminer cette section vélo infinie. On arrive au CP transition juste avant la nuit.

Ici on passe 15 minutes à chercher l’orga qui était partie recharger du bois pour le feu.
Ils nous expliquent que l’hôtel est certainement cher mais que l’on peut aussi y manger.
On décide d’envoyer Alex le plus à l’aise en espagnol pour qu’il s’occupe de la résa et nous envoie une voiture.
C’est Pierre Olivier, l’assistant suisse des copains Français qui passe nous chercher.
On se dirige vers l’hôtel sous la pluie alors qu’il fait noir maintenant.
On découvre une architecture complètement folle, construite au beau milieu de la forêt. Le bâtiment ressemble à un cône de pomme de pain retourné.

Hotel vue de jour

Hotel vu de jour

C’est un hôtel de luxe, les chambres sont inabordables. On choisit l’option la moins chère : une cabane dans les arbres avec lit de camps.
La dame de l’accueil nous propose des toilettes pour se changer avant d’aller manger.
On se met au sec tant bien que mal et on s’installe pour le repas pendant que les affaires sèchent comme elles peuvent. Visiter ce monument d’architecture dans ces conditions est irréel.
Le restaurant est à l’image de l’hôtel, plutôt luxueux. On prend le menu du jour. La suggestion du chef. Complètement fou de se dire qu’on est en course à ce moment là…

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Après avoir mangé on tente de rejoindre notre cabane mais les explications de l’accueil ne sont pas assez bonnes et on jardine dehors. C’est finalement un employé de l’hôtel qui nous accompagne jusqu’au spot. On empreinte des passerelles dans les arbres.
Impossible de faire sécher nos affaires dans cette petite cabane peu chauffée. Il est minuit et nous n’avons toujours pas dormi. C’est fou le temps perdu, je peine à m’endormir.
Quand le réveil de Denis sonne à 01h30 je me lève et allume la lumière. Les 3 autres dorment et ne bougent pas. Je n’ai aucune motivation, j’ai froid et je ne me sens pas le moteur pour les sortir de la nuit. Je sors mon duvet qui était encore emballé et ré-éteint la lumière. Un peu plus de repos me donnera sûrement quelques forces supplémentaires.
Le nouveau départ est donné vers 3h du matin. On passe à la transition noter les sept postes du trek de Huilo Huilo. La jeune de l’orga est toute déboussolée. Heureusement je suis bien réveillé.

Nous voilà partis pour 60km de trek, on sait que Manu, Fanny, Nico et Lio ont mis 24h. J’espère en mettre 18.
Nous allons visiter une réserve naturelle, écologique et biologique exceptionnelle.
Deux chiens nous emboîtent le pas. Un de taille moyenne type golden devant, un second plus petit à l’arrière. Notre équipe de 6 marche à bon pas en direction du premier poste.

Un des compagnons vu de jour

Un des compagnons dans la journée

Je vois bien où nous en sommes, mais on ne progresse pas vite. Je refuse de laisser Alex regarder la carte pour éviter de le démotiver.
Je discute un peu avec Nelly qui m’explique ces plans pour faire sécher nos vêtements et manger au chaud à l’hôtel à notre retour. En retour je lui expose mon pessimisme du moment : on arrivera jamais à tout faire c’est trop long. Et cet hôtel où on perd trop de temps. Je n’ai toujours pas digéré cette soirée interminable.
Au lever du jour le moral revient avec la lumière. Le rythme de l’équipe est bon depuis le départ. Je fais deux bonnes erreurs enchaînées qui ne démotivent pas les troupes.
Denis me laisse son alti : on aurait du faire ça dès le début, l’orientation est tellement mieux ainsi.
Le plaisir grandit au fur et à mesure que le jour puis les nuages se lèvent.
Le soleil nous rejoint même sur la fin du périple.

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Je révise la stratégie de course : si le temps se maintient, on passe réserver un repas sur la route du retour du trek (Dans la ville de Neltume que l’on traverse), transition express puis on mange et se chouchoute au chaud autour du repas. Tout le monde est d’accord.
Le plan se déroule sans accro, Alex use de ces charmes pour convaincre la propriétaire du restaurant de nous servir à 22h alors que c’est l’heure de la fermeture, les deux autres font le plein de provisions pour la section à venir.
On effectue une belle transition rapide et on arrive dans notre restaurant bien chauffé pile à l’heure.
Cette pause d’une petite heure fait le plus grand bien à tout le monde. Très efficace.

On reprend la route vers 23h.
Le temps est clair, la lumière douce de la lune nous laisse entrevoir les montagnes alentour et le Vallarrica notre objectif. Le rythme est élevé et les kilomètres défilent vite.
Alex et Nelly chantent le Boogie-woogie pour rester éveillés. Moment très sympa.
On arrive rapidement au pied du volcan où la difficulté se profile.
Tout le monde commence à lutter contre le sommeil sur cette longue piste qui parait interminable. C’est Alex qui en souffre le plus à ce moment de la course. Nelly est hyper motivée.
J’ai pris un cachet de caféine. Moi qui ne bois jamais de café, là je suis en mode « pleins phares ».
Alors qu’on se rapproche enfin significativement de l’objectif, Alex accélère pour se réveiller. On emboîte tous le pas et on se retrouve à courir un sprint effreiné au beau milieu de la nuit, après plus de 110h de course. Comme si on jouait le maillot à pois du tour de France. La vitesse est folle.
Avec un GPS on aurait sûrement fait le strava de ce col.
Le cardio s’affole et nous oblige finalement à ralentir juste avant le sommet.
La décharge d’endorphine et d’adrénaline fait du bien. Je rigole pour rien.
Au col on s’habille pour la descente (polaire, gants, gore-tex). La première partie est ludique mais rapidement la pluie s’invite. Le sommeil assomme mes 3 compagnons qui peinent à me suivre. Le profil est descendant ce qui n’aide pas à garder la vigilance et l’oeil ouvert.
Je suis à court de batterie et demande de l’aide pour trouver le PCV 2.
Aller, une dernière montée et c’est gagné. Le sommeil m’attaque aussi. J’ai l’impression d’avoir changé d’équipe, je ne reconnais plus mes coéquipiers ? Le cachet de café m’a mis le ventre à l’envers. Ou est-ce les sucreries achetées à Neltume pour la section ?
L’orientation n’est pas évidente pour terminer. Je fais un peu de rab.
On croise une belle chouette qui nous observe du haut de son arbre. Encore un instant magique volé à la nuit obscure.
On arrive finalement à la transition au lever du jour, quelques petites minutes après que nos Frenchies l’ai quittée à vélo s’envolant vers leur victoire.

Dans la cabane, on trouve le Team Trail del Viento au coin du feu. Longtemps 3 ème, l’un d’eux est blessé : ils abandonnent.
On prend du temps pour sécher un peu nos affaires et dormir. Difficile de se reposer sur le sol froid ou les bancs étroits.

On décolle vers midi.
C’est la dernière section. On est au sec, balles neuves aux pieds, rien ne peut plus nous arriver…
On croise très rapidement Movistar. On apprend que Sari s’est blessée et qu’ils renoncent à ce trek. On vient d’être catapultés à la 3ème place. Continuons à prendre soin de nous.
Il ne nous reste qu’à finir. Encore 50km.
Le bénévole de l’orga m’a indiqué que la première partie était difficile, que les Français on mis plus de 6h pour se rendre au poste 1. Je suis donc très attentif. J’oriente bien mieux depuis que j’ai récupéré l’alti de Denis. L’outil indispensable de l’orienteur au cinquante millième.
On traverse deux immenses lits de rivière où la roche, une coulée de lave, est sculptée par l’eau bouillonnante.

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On passe ensuite un petit col via un chemin sauvage et magnifique. Une nouvelle vallée s’ouvre. On remonte le lit d’un nième torrent, il faut être prudents car certains pas sont en escalade et avec la fatigue il faut les assurer.
On se rapproche de 1500m quand la neige commence à tomber et à tenir au sol.

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Je choisis de faire le flan pour rejoindre le poste PCV1.
Le relief n’est pas lisse comme le laisserait imaginer la carte, mais plein de grands rentrants, parfois de plusieurs centaines de mètres, qui ne sont pas dessinés.
Je suis très à l’aise dans cette neige à jouer avec le relief. Malgré le froid et la mauvaise météo, je prends beaucoup de plaisir dans ce terrain.
Alex me rattrape pour faire un point, ils ont besoin d’un topo.
Je lui explique ma stratégie d’approche du poste, que je suis assez confiant sur notre progression. On se met d’accord pour un arrêt rapide à l’abri enfiler nos couvertures de survie.
Une fois bien couverts, on repart à la recherche du poste 1 que l’on retrouve facilement un peu plus loin.

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En route donc direction le poste 2. On a fait un bon tiers en 5h30.
La météo ne s’améliore pas. La neige tient au sol.
Nelly n’est pas dans son assiette. Elle entend des voies et l’environnement hostile ne la met pas à l’aise.
Le rythme est un peu lent pour moi et je commence à avoir froid. On avance peu sur la carte même si le pas est bon. Avec la nuit tombante, suivre le chemin devient de plus en plus délicat.
Vers 1600, la quantité de neige commence à être importante. Je perds confiance. Evoluer en groupe dans ces conditions de froid, nuit et neige est compliqué.
On a tous plus de 125h de course, on manque de sommeil et l’arrêt est interdit. Aucun échappatoire n’est envisageable plus loin.
C’est trop de danger pour moi. Je rassemble l’équipe et expose ce point de vue.
Je leur propose de faire demi tour retourner au poste 1 pour se mettre à l’abri et demander conseil.
– On est là pour prendre du plaisir et pas pour jouer avec le risque.
Tout le monde approuve et on rebrousse chemin. Nelly et Denis suivent tant bien que mal nos traces dans la neige quand j’essaie avec Alex de faire fonctionner la radio fournie par l’organisation pour poser des questions : la section est elle annulée dans de telles conditions ? que devons nous faire ?
Impossible d’obtenir un signal. On presse le pas vers la station. La route est encore longue.
Enfin de retour vers ce semblant de civilisation on tape à tous les carreaux de la seule cabane éclairée du coin. Le propriétaire tarde à nous ouvrir. Mais Alex finit par réussir à lui parler et nous faire entrer.
Nous sommes accueillis dans le salon d’un vieil ermite très gentil. Il nous explique qu’il ne voulait pas ouvrir car il était tout nu. La discussion nous réchauffe.
Pas de réseau téléphonique, pas plus de chance avec la radio. Que pouvons nous faire ?
On aperçoit soudain des phares à l’extérieur. Alex court les intercepter.
C’est le 4×4 des organisateurs, ils sont venus à notre rencontre nous suggérer de ne pas faire le trek complet, de rejoindre l’arrivée directement.
21km nous séparent de l’arche à Pùcon.
Après un petit thé offert par notre hôte on se remet en route. C’est Nelly qui donne le rythme. Le petit trot permet de faire passer un peu plus vite les longs kilomètres de piste puis de route qui nous éloignent encore de la délivrance. J’essaie de faire abstraction que 21km c’est un semi marathon et un objectif en soi pour bien des gens. La perspective de passer l’arche, se doucher et se glisser sous la couette nous donne une énergie folle.
Pùcon arrive enfin, une dernière rue, la plage … on se donne la main, on lève les bras : on l’a fait, c’est fini !
Merci à tous ceux qui nous on suivit et soutenu, et merci à mes 3 coéquipiers en or : vous êtes top.

Compte tenu de l’heure, la cérémonie est intime. on récupère un trophée simple et les clefs d’une chambre d’hôtel.

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Profil de la course

Profil de la course

J’ai aimé :
– Le principe de course simple à comprendre et simplifiant la logistique.
– L’aspect expédition, qui oblige à chaque équipe à prendre soin d’elle, de son repos, de son ravitaillement et de sa progression.
– Une équipe très agréable, jamais un mot de travers. Moments d’avant course également très agréables.

J’ai moins aimé :
– Être dans un super spot d’eaux vives et ne naviguer qu’en raft sur un lac. Il pourrait y avoir de superbes sections d’eau vive, ou de kayak de mer.
– Ne voir que 10 équipes au départ. Certainement une des manches les moins relevée de l’année.
– Exploser mon bilan carbone annuel avec le voyage en avion.

Prochaine aventure de l’autre côté de la barrière :

l’aventure-dauphinoise !!