Le prologue du raid INP marque le début de saison. Comme c’est notre premier raid, on a eu le  temps de bien le préparer. L’équipe est connue depuis longtemps, le matos prêt, la stratégie de course a été bien étudiée et bien intégrée par l’ensemble des coéquipiers, et les coureurs sont affûtés. Enfin, ça, c’est ce qui aurait dû se passer pour une équipe normale.

Chez les chauds patates, ça se passe différemment :

Samedi matin, sur le lieu de course, 45 minutes avant le départ.

  • Batou « Allo Gaët, c’est Batou. Il est 10h30, sur le mail d’hier tu nous as dit RDV à 10 h, donc là on t’attend »
  • Gaët  « C’est pas demain le prologue ?? »
  • Batou « Ha ha, t’es con »
  • Gaët  » Ouais, c’est bon, je suis là, je vous vois, désolé pour le retard »

1 minute plus tard, en compagnie de Julie, Benoit, Gaët et Batou

  • Gaët « Et dédé il est pas là »
  • Batou « Non, il arrive à quelle heure son train ? »
  • Gaët  » nan, il vient pas en train, tu étais censé le prendre à Chambéry ce matin »
  • Batou « Ha ha, t’es con »
  • Gaët  » …. »
  • Batou+Benoit+Gaët+Julie « Oh putain ! »

 

La boulette

La boulette

Pour mettre dans le contexte, Didier, c’est un copain raideur qui a bien voulu remplacer deux jours avant le raid le Grand Ben.

Le Grand Ben, c’est un autre copain raideur qui a bien voulu remplacer Max qui ne pouvait être disponible sur le prologue.

 

On se retrouve à 40 minutes du départ sans coéquipier, donc à moins de trouver quelqu’un par hasard pour prendre le départ avec nous, on est disqualifiés d’office.

Parce que bon, soyons honnêtes, la probabilité de rencontrer sur place quelqu’un de sportif, qui est disponible la journée, et qui peut partir dans 30 minutes pour une épreuve de 4 heures relève un peu du  petit miracle.

 

10 minutes plus tôt, l'un de ces coureurs pensait rentrer tranquillement chez lui

10 minutes plus tôt, l’un de ces coureurs pensait rentrer tranquillement chez lui

Remi Fatoux.

Voilà comment se nomme « le petit miracle ». Orienteur dans notre ancien club de CO, Remi rentrait chez lui après une bonne séance à pieds de deux heures. En 10 minutes, le temps qu’il prévienne chez lui qu’il ne mangera pas à la maison ce midi, le voilà sur un vélo loué à l’orga, prêt à en découdre pour ce prologue du raid INP.

 

Ce prologue consistait en une énorme course au score stratégique de 3h45, sur les pentes du Vercors. Ne me demandez pas la stratégie à adopter, je n’ai rien compris de la présentation des épreuves. On fait tous confiance à « captain Gaët« .

On enquille toutes les épreuves en montant, le rythme est bon, mais on n’est pas à bloc non plus, l’objectif est de ne pas cramer Remi, et de voir comment  se débrouille Julie qui fait son premier raid avec nous.

On va le dire tout de suite, le prologue est un peu un loto géant.

Comme on découvre les cartes et les activités au dernier moment, on ne peut pas savoir à l’avance combien de temps va nous prendre une épreuve, la seule information que nous avons, c’est le nombre de balises dans chaque activité.

Nous, tout ce qu’on a retenu, c’est que l’orga avait dit que c’était jouable de tout prendre, donc d’une certaine façon on cherche pas à faire d’impasses.

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C'est à ce moment là que j'ai arreté de reflechir

C’est à ce moment là que j’ai arrêté de réfléchir

La météo est bonne, le terrain pas trop gras, les conditions sont donc idéales pour avancer rapidement. Rémi et Julie sont au top, mais on a peut être pris ce prologue trop à la légère, et on arrive au point le plus haut du circuit ( à St Nizier) un peu en retard sur notre temps prévisionnel.

 

Là, manque de lucidité, au lieu de rentrer directement, on part sur une co mémo qui s’avérera un véritable traquenard pour la majorité des équipes.

Les distances sont très longues, et comme on n’a pas de vues générales sur l’ensemble de cette co, impossible de savoir si la prochaine balise va nous faire rentrer, ou au contraire éloigner encore un peu plus du départ.

A mi parcours, après avoir bien retourné la zone de la balise 2, on se rend à l’évidence. On est plus dans les temps du tout.

Du coup, mode sauve qui peut, on laisse les 3 dernières balises de cette section, et on va serrer les fesses en vélo pour perdre le moins de temps possible.

Le dernier coup de cul en vélo à St Nizier s’avérera bien difficile. Chaque année on en chie, et tous les ans on oublie qu’il est là.

Aux tremplins de saut à ski, c’est la bascule. Julie, en provenance de chez les ch’ti, fait en une seule descente l’équivalent de son dénivelé annuel. Du coup, elle subit un peu au début, puis une fois compris que les chutes ça fait pas (trop) mal, on déroule à bon rythme.

Au final, l’addition est salée, 20 minutes de retard sur la barrière horaire, à 5 points la minute, on a perdu déjà 100 points sur les 600 possibles. Et puis comme on n’a pas pu tout faire…

Notre trace GPS

Mais on relativise vraiment, se disant que si on est qualifiés, c’est que du bonus, vu la galère d’avant course.

On oublie pas de filer une bière à Remi, qui peut enfin rentrer chez lui après son kidnapping. On lui doit une fière chandelle.

Puis toutes nos excuses à Dédé. Dédé, si tu lis ce compte rendu et que tu m’attends encore à la sortie d’autoroute, c’est bon tu peux rentrer chez toi.

 

Concernant le format de ce prologue, notre avis :

L’idée est bonne, mais il y’a trop d’inconnues sur la durée des sections pour que le facteur chance n’intervienne pas. De plus les équipes qui ne connaissent pas le terrain sont particulièrement handicapées : »Combien de temps pour faire St Nizier – arrivée « ?

Pour qu’une vraie stratégie puisse se mettre en place, il faudrait donner soit toutes les cartes de CO dès le départ, soit donner un temps rapide/moyen par épreuve.

Nous avons mis 30 minutes pour faire la co des Vouillands de 12 postes, soit 120 points. Nous avons mis quasiment le même temps pour faire 3 postes de la co mémo.

Pour notre rythme, il était autant rentable de faire demi tour à l’épreuve surprise que prendre les balises du haut en vtt et de l’épreuve co-mémo. Les équipes moins rapides que nous n’avaient donc pas intérêt à monter plus haut que l’épreuve du jeté de bûches.

Sinon les épreuves de CO Azimut et celle de la CO surprise étaient parfaites, on va peut être piquer l’idée.

Malgré quelques sueurs froides, nous sommes qualifiés pour la 20° édition du raid INP, (le classement) et c’est donc avec grand plaisir que l’on va retrouver nos copains raideurs grenoblois, et cette formidable équipe d’organisation.