Bien que là depuis l’émergence de la saga Chaud Patates (l’époque où l’on plaisantait sur la formule « chaud patate » avec Thomas et Gaët), je ne suis pas un raideur (je n’ai même pas de VTT).
Je suis seulement un ami des Chauds Patates, plutôt admiratif qu’actif ! Pourquoi ? La peur de la longueur, la peur de l’orientation, la peur de couler en canoë… Il faut dire que je viens plutôt de la course sur piste, 800m, 1500m… allez, 3000m.

Mais quelle meilleure occasion de se plonger dans l’univers des Patates et de la passion qui les anime en acceptant la proposition de mon coach Thomas Haÿ (un pur pistard de 800m) de participer à l’un des plus grands Raid de France, le terrain de jeu de l’expérimentée Karine Baillet ! Le Touquet Raid Pas de Calais !
800 participants par équipes de 2 ! Deux jours de dingo, départ en ligne sur la plage, vent de face, sous les yeux de l’hélico, le samedi soir et le dimanche matin. CO, Bike&Run, VTT, trail dans les marais de la baie de la Chanche , Canoé à contre courant, roller et … surprises sur surprises.
Alors banco, j’ai dit oui et on s’est inscrit sous le nom de RaidioStar !
Voici le récit d’un WE découverte : d’une région, d’un sport et d’un coéquipier ! Le récit du grand kiff d’un novice, qui doit motiver ceux qui hésitent (encore) à se mesurer à ce genre d’événements !

Samedi 5 avril 2014

Thomas m’attend à la gare d’Arras à 13h30. Il a tout préparé : vtt réglés au poil, courses, matériel obligatoire, chambre d’hôtel… On file vers le Touquet en voiture, une heure pour faire monter l’ambiance et commencer à se projeter dans la succession des épreuves qui nous attendent…
Le Touquet, c’est branché, c’est clean et… c’est très joli ! La nature est partout ! Les contextes sont variés, y a même un peu de relief !
On s’installe et on finalise l’inscription.

Briefing 18h :

Ca y est le stress est là. On récupère les cartes, le détail des épreuves, les instructions, les pénalités… Faut tout intégrer. Mais Thomas est d’une sérénité et d’une assurance à toute épreuve.

Départ 18h30 : trail 7,5 km

Grand départ

800 personnes en ligne sur la plage ! Ca claque ! Le départ est donné par un hélicoptère venu couvrir l’évènement ! Ca galvanise, alors on se force à ne pas partir trop vite et pourtant y a des fourmis dans les jambes… On fait un bon premier trail en remontant progressivement sur un terrain très instable : sable, puis marécages glissants. On arrive au changement d’épreuve où on charge roller et casque dans le canoë.

Stage 2 : canoë 4,5 km

Départ Canoë

Ca ne paye pas de mine. En 30min ca doit être plié… ben non ! Mise à l’eau à la verticale mais encore galvanisés, on ne réfléchit pas et on embarque. On trouve rapidement notre rythme, on continue notre remontée, mais assez vite on est usé par le courant. Thomas gère la trajectoire pour optimiser les efforts pendant que je compte mes coups de pagaie pour que ca passe plus vite. On prendra quasiment une heure pour faire le boulot ! La transition est compliquée faut remonter le bateau, ca enfonce, y a des spectateurs partout.

Canoë contre courrant

Stage 3 : roller 7 km

Ca roule, mais ca monte. Ca fait mal au dos. Je suis accroché au sac de Thomas pour optimiser les chronos. On s’en sort bien et en plus, on kiff !

Stage 4 : trail 5 km

Sur la plage

Redescente vers les canoës via un trail majoritairement descendant. Un passage marrant dans une canalisation d’un mètre de diamètre sous l’autoroute pendant environ 200m. Faut pas être trop clostro.
La nuit tombe ! On nous annonce 12e au moment de reprendre les bateaux. Je suis bien entamé, mais Thomas tient la baraque et guide tout.

Stage 5 : canoë 4,5 km (parcours retour)

Une descente aux flambeaux avec le courant comme moteur. Autant dire qu’on a essayé de souffler et de profiter. On slalome entre les derniers bateaux qui sont dans l’autre sens et qui vont devoir faire le roller et le trail de nuit.
On se prend même à commencer à penser à notre lit et au repos bien mérité.

Stage 6 : CO en bike and Run

Toujours 12e, il est 21h30, on est remonté pour torcher rapidement le truc. Mais il fait nuit et le terrain est compliqué. Sable, foret, boue, relief. Tout est dur ! Ca se joue dans un petit périmètre mais les chemins sont nombreux et les équipes commencent à s’entasser dans la forêt.
Ca cherche de partout. Thomas carte pendant que je me galère à porter le vélo, qui est plutôt une contrainte qu’un atout. On a du mal à se faire confiance et à ne pas se laisser embarquer par les raisonnements à haute voix des autres équipes.
Le temps passe et le doute s’installe, même si on en trouve quelques unes. Déjà 23h, il nous reste 30 minutes pour pointer les 3 dernières balises et faire les 3 ou 4 km de route pour rentrer avant la barrière horaire (5 minutes de pénalité par minute de retard). On hésite, mais on y va. On est complètement esseulés car la barrière horaire fait peur et les équipes commencent à se décourager et à rentrer.
On trouve tout et il nous reste à peine 10 minutes pour rentrer. Alors on a fait une séance VMA en se posant le vélo. Personnellement j’ai tout vidé ! On arrive avec 1 minute avant la barrière.
On est dégouté d’avoir planté notre CO, mais on a l’impression que beaucoup d’équipes ont fait l’impasse.
Une bière, un peu de salade de pâtes… et au lit !
Grand départ

Dimanche 6 avril 2014

Le réveil sonne à 6h40 après une nuit en fractionné à cause des jambes qui tirent. J’ai du mal à me dire que je repars pour 8heures d’effort après les 5 de la veille, mais bon il faut bien…
Ce qui est fou c’est qu’avant le départ (prévu à 8h30), on a que des trucs de merde à faire, mais l’ambiance est qd mm top ! Faut remettre les chaussures trempées dégeu, faut ranger toute la chambre, faut réviser les vélos, faut bouffer (alors que t’as paaaas du tout faim), faut aller chercher ta carte… en plus il pleut. Mais bon, on fait tout ça avec le sourire. Va comprendre pourquoi… Et ce sourire est décuplé quand on apprend qu’on est 4e au général ! (On se voyait plutôt 40e après les 2 heures de galères dans la CO). Ca, ça te boost pour la journée. On commence à rêver d’un top 10…

Stage 1 : Bike&Run 10km

Départ de nouveau sur la plage. On part costaux, toujours du sable un peu partout et de la boue. Les écarts se font rapidement. Faut carter ! Thomas nous fait faire un demi tour ô combien important pour récupérer une balise un peu oubliée par la cavalerie. On finit très fort malgré ce détour. On doit être 10e. Il faut dire que le bike and run est un peu notre meilleure arme en tant que pistards habitués du fractionné.

Stage 2 : VTT 35 km

La galère commence. Ce n’est pas notre sport du tout ! C’est long et les autres roulent fort. Alors on régule, pas trop vite et on se fixe comme objectifs : pas d’erreur de carte et pas de casse.
La première heure se passe très bien. On perd une dizaine de place, mais on est serein. Ca se complique au fil des km. Les côtes sont de plus en plus dures et le coup de barre de Thomas ne passe pas. On limite cependant la casse en finissant aux alentours de la 40e place.

Stage 3 : Trail 2 km

Coupure de principe pour nous faire découvrir une grande carrière. Ca nous permet de récupérer et surtout de remonter quelques place dans le peloton. On s’alimente et on repart.

Stage 4 : VTT 25 km

VTT sur le dos

On n’est pas serein serein, mais on se dit que si on conserve notre objectif de bien carter et de ne pas casser, on ne sortira pas trop mal de l’étape VTT. Thomas a une excellente idée pour éviter une galère dans le sable. On fait un détour mais on économise des forces. Après 4h30 de course, ce n’est pas de refus. La fin du vélo est difficile pour Thomas mais il sert les dents comme jamais et j’essaye de le soutenir comme je peux.
On arrive à l’épreuve finale à un peu moins de 2 heures de la barrière horaire (15h30).

Final : CO 20 km

Orientation pas facile

Orientation pas facile

Karine Baillet l’avait annoncé au briefing du matin : « vous n’aurez pas le temps de tout faire ». En effet ! y ‘en a de partout et les jambes sont dures. Commence alors le long dernier combat dans les boomker et le sable de la plage pour en trouver le plus possible.
C’est long et petit à petit, on revoit se dessiner la course pour rentrer dans les délais. Là encore, on termine à la minute, abandonnant 3 balises. Mais heureux d’en finir avec cette épreuve de folie ! Niveau classement, on ne sait pas du tout. On a perdu pas mal de temps en vélo, mais on a pris toutes les balises (sauf les 3 de la CO) et on n’a pas cassé.

Le verdict tombe à la cérémonie de remise. 5e au scratch et 3e seniors masculins ! Même dans nos rêves les plus fous on n’y aurait pas cru ! La cerise sur le gâteau de ce magnifique we de sport !

podium sénior

podium sénior

Conclusion :

Les deux jours auront été complètement différents, le tracé magnifique !
Ce que je retiens de cette expérience Raid c’est :

Organisation : faut carter, se faire confiance, être méthodique, ne rien laisser au hasard, mesurer ce qu’on ose et oser ce qu’on a mesuré.
Complémentarité : j’ai eu la chance de courir avec Thomas. Il m’a tiré et guidé le premier jour, quelle joie de pouvoir lui retourner la pareille le lendemain dans le vélo et sur la dernière CO et prenant le lead. Et quel kiff de partager ça avec quelqu’un !
Passion : le parcours était magnifique et vachement varié et ça, ça porte, malgré les km qui s’accumulent, malgré les pieds qui s’enfoncent dans les marais, le sable qui devient pesant, le vent qui freine…
Alors à tous les padawan qui, comme moi ne font que lire les aventures Patates. Allez-y, chaussez les running (les miennes sont tjrs en vie, même si elles sont en aération prolongée sur le balcon…) !

ETIENNE