Fin juillet, après la première partie de saison de raid terminée. Max et moi cherchions l’objectif de l’été. Le trail sympa sur lequel se faire plaisir.
Comme une évidence pour nous, l’Echappée Belle.
Première édition d’un Ultra Trail dans le massif de Belledonne, si proche de chez nous : notre terrain de jeu, hiver comme été.
130k et 10000d+ c’est costaud, et naturellement on s’inscrit sur le relais, deux fois moins long et plus convivial.
Relais 1: Vizille (extrême Sud du massif) -> Fond de France. 58km 5000d+. Max.
Relais 2: Fond de France -> Aiguebelle (extrême Nord du massif). 75km 5800d+. Gaët.
John s’aligne sur le solo pour se faire plaisir et essayer de capitaliser ses nombreuses heures d’accompagnement trail rando-course de l’été. Il devra malheureusement s’arrêter à Jean Collet (k 40), blessé. dur dur.
Max nous raconte sa course :
Vendredi 6h, sur la ligne de départ, je suis content.
Content d’être là, à l’aube, on est bien, en T-shirt, il ne fait pas froid comme en hiver.
On croise quelques habitués de ces trucs un peu débiles et fous, comme partir de Vizille dans l’unique but de passer sous une arche gonflable située 130 km plus loin, dans la ville d’Aiguebelle, de l’autre côté de Belledonne. Ils se reconnaîtront.
Je suis content d’être là pour faire ce premier relais de « seulement » 60 km, après une veille de course qui n’aura jamais été aussi ZEN : en effet, ma clé de voiture a décidé de sauter de ma poche et partir vivre sa vie sans moi, pendant qu’on prenait sagement nos dossards. Le temps de récupérer le double de clés et je file à Décathlon, 1 mn avant la fermeture (ouf) pour acheter de quoi survivre au milieu de la montagne (la liste de matos est longue!).
Bref vendredi à 6h je suis content quand le TOP est donné.
La montée jusqu’à l’Arselle ne présente que l’intérêt d’étirer le peloton, mais il fait nuit c’est sympa, et puis on est toujours bien! Ensuite le terrain devient tout de suite plus intéressant et on arrive (très) vite au Lac Achard (ballade dominicale sur laquelle j’ai appris à marcher étant petit, puis à râler étant ado lorsque mes parents m’obligeaient à lâcher la Playstation pour y monter voir les truites, les marmottes et les chamois…). Puis vient le col de la botte, le soleil se lève, c’est magique!
On s’amuse dans la descente déjà technique vers les lacs Robert puis on monte vers le lac David par un chemin où il faut parfois mettre les mains.Je suis avec Oscar et Raúl, respectivement futurs 1er et 2nd de la course SOLO, j’ai beaucoup de mal à suivre et je suis impressionné!!
On monte ensuite vers la Croix de Belledonne, c’est génial, y’a plus de chemin et des névés.Après avoir fait le tour du quartier, on passe le col de Freydanne pour plonger vers le refuge Jean Collet. La descente à côté du Lac Blanc, turquoise comme toujours, et l’accueil super du ravito me permettent de récupérer un peu de ces premiers efforts.
J’attaque alors la dernière partie de mon relais, 20 km parcourus en 4h30, tellement sauvage, dans une solitude totale, au milieu des blocs, des moraines et des alpages!
Le dernier col (Col de la Vache) est un peu compliqué à franchir avec la chaleur, heureusement Sam est là pour m’encourager!
Puis ça déroule bien dans la dernière descente jusqu’à Fond de France où je passe le relais à Gaëtan.
Je suis 2ème du relais avec 15mn de retard et 5ème du SOLO (qui ont encore 80 km à faire!!).
Je me suis vraiment fait plaisir, avec l’impression d’avoir bien gérer la distance en fonction de mon niveau et sans problème physique.
Un parcours de dingue, où le chemin est souvent absent et le terrain très cassant ce qui oblige à rester très concentré. Au final, des beaux souvenirs, une belle échappée de 10h30 et une envie de recommencer. Merde…
Je récupére Max à Fond de France, un peu cramé mais bien content.
A mon tour enfin.
Je pars fort, trop fort. Je sais que je vais trop vite pour un effort de 14h minimum. Mais je suis bien. vraiment très bien. Les jambes répondent et le cardio est bas.
C’est beau, c’est technique… je prends quelques photos, mange des myrtilles et relance à chaque rupture de pente.Je reviens en 1h30 sur les 4 solos et le relais de Gras/Exbrayat.
Le temps d’échanger quelques mots et je file sur Gleysin. J’y retrouve mes parents et ma mère me lâche un « Je t’interdis de doubler tout le monde. ».
Désolé mam, aujourd’hui j’ai trop de cannes pour ramasser les cèpes.Montée au refuge de l’Oulle, je me retourne et ne vois personne. Déjà au moins 30 minutes d’avance au col du Morétan que je passe de jour.
Descente méga technique, hors sentier et engagée. J’adore mais comment vont s’en sortir les traileurs? Moraine avalée je retrouve un nouveau check point et profite du thé chaud des bénévoles avec Magnum venu en spectateur.
Je repars sans tarder vers Super Collet. Le déniv et distance défilent rapidement. Petite frayeur avec la croisé d’une famille sanglier, heureusement ils ont plus peur que moi.
Je retrouve le ravito, sa lumière et sa chaleur. Mes parents sont monté à pied, malgré l’heure avancée, c’est sympa. Un coca, une ptite laine et ça repart.J’enchaîne avec un gros bout, très sauvage et exigent. Un peu plus de 3h pour seulement 15km. Le temps se fait long seul dans l’obscurité. Je sais qu’on passe sous les Grands Moulins, mais là y-a rien à voir, c’est nuit noire. Le brouillard s’en mêle et l’itinéraire n’est pas toujours évident.
J’arrive finalement à Valpelouse après avoir pu courir sur les 20 dernières minutes car le chemin est, exceptionnellement, de bonne qualité.
Il reste un certain nombre de kilomètres, peut-être 40, mais le gros du dénivelé est derrière moi (5000m). Tous les voyants sont toujours au vert, mal nulle part, je cours toujours dès que le terrain le permet. 10-12h de course.
Je change ma batterie de frontale au sommet du Grand Chat et bascule dans la longue descente vers le Grand Cucheron. Le profil du roadbook est traître, l’itinéraire n’est pas descendant mais se ponctue de raides remontées, relativement courtes mais très cassantes.
Au dernier ravito je retrouve une dernière fois mes parents et Max qui est venu pour savourer notre victoire.Je ne traîne pas sur la dernière section très exigente, je trotte sur les replats. Ca monte, ça descend, ça tourne,… on passe sous un tronc, sur une butte, autout d’une flaque, … c’est ludique mais j’ai hâte d’en finir, le chrono défile et je n’en vois pas la fin.
Je bascule finalement dans la dernière descente avec le jour, serre les dents sur les 10km de bitume qui me séparent de l’arche, lève les bras, main dans la main avec Maxou.
L’échappée belle est une course vraiment très belle mais très engagée. Elle ne s’adresse qu’à des sportifs aguerris au pied très montagnard. Les raideurs y seront à l’aise.
J’ai trouvé l’organisation très bonne. Pour moi la sécurité était suffisante, mais je ne suis pas un trailleur, je pratique le raid aventure. Je cours des épreuves de 100 heures, en autonomie, en orientation et en pleine nature.
Après ou pendant l’échappée, soit vous êtes complètement fan, soit vous êtes complètement dépassé par son exigence.
Se lancer sur le solo demande un grande expérience de la montagne, en toutes conditions. Être à l’aise hors des sentiers battus n’est pas un plus, c’est un prérequis.
Je regrette un peu de ne pas avoir pu profiter du paysage, j’ai couru 10h de nuit.
La course serait aussi superbe en deux jours distincts, avec repos à Fond de France.
Vivement l’année prochaine, si on est au départ (cf Raid In France 15j après).
BONUS:
la vidéo de Sam sur la première partie!
8 avis
guillaume says:
Sep 4, 2013
Merci pour ce beau CR
C’est un vrai régal à lire
Pour que vous insistez autant sur la technicité du parcours, ça devait vraiment être quelque chose d’énorme.
bernard nicolas says:
Sep 4, 2013
Bravo messieurs, belle course et beau récit
ça donne envie si seulement on avait autant de compétence que vous !!!
agnes says:
Sep 5, 2013
« ramasser les cèpes » , « ramasser les cèpes » oh ça va toi! si je t’ai dit: »interdit de doubler », c’était juste une façon de te dire que tu devais te calmer et ralentir car il y avait encore 60kms devant toi et à ce rythme, allais tu tenir le tempo? oui je sais j’ai oublié que tu avais des ailes!!! fort bien affutées..d’ailleurs et que tu es majeur et vacciné!
désolée pour le cri du coeur de ta mère !! qui a du mal a faire la supporter dans tes courses de folie!
sinon très sympa l’enchainement des deux récits!
mam
et c’est vrai cela, quand est ce qu’on y retourne pour ramasser les chanterelles et voir enfin le paysage et sa parure d’automne?
Nico says:
Sep 6, 2013
Ben t’est en sacré forme mon salaud!
Et écoute ta mère un peu…;-)
Pour l’année prochaine, rappelle toi de l’an dernier…. à courir 2 lièvre à la fois on fini par se mordre la queue …;-)
Ça à quand même l’air bien cette coursette….
Benoît says:
Sep 7, 2013
Tu m’as bien déposé avant Gleyzin 😉
Très belle course que tu fais !
J’aurais bien aimé poursuivre un peu derrière toi mais mon estomac en avait décidé autrement.
Encore bravo.
Pascal says:
Sep 8, 2013
Merci pour ce beau CR et félicitations pour votre performance !
Je dis performance car je me suis personnellement arrêté à FdF, mes pauvres genoux n’ont pas supporté, le parcours était trop exigent pour moi.
Comme vous le dite, cet ULTRA s’adresse vraiment à des personnes aguerris de raids ou trails en altitude, c’est à dire habitués à gambader dans les pierriers, le physique ne suffit pas.
Ca fait 1 semaine que je ne peux plus voir un rocher 🙂
Bravo !
DIDIER says:
Sep 8, 2013
Merci pour le récit. J’avais l’impression de le revivre.
Effectivement il fallait avoir un esprit « montagnard » pour arriver au bout.
Lionel DIDIER finisher solo.
Gaëtan: Mon Programme 2014 | Team Chauds Patates says:
Jan 29, 2014
[…] Tombé amoureux en 2013, je suis partant pour le même parcours, en solo (85km) et de jour cette fois! […]