Le raid des Dentelles de Montmirail, 3ème étape du challenge des raids multisport. En voilà une bien belle épreuve.

De mémoire de raideurs, on a jamais vu un tel plateau au départ d’un raid en France.

Voilà ce qu’on pouvait lire sur endurance-mag à quelques jours de la course.
Retour sur deux jours de l’une des plus belles courses que j’ai eu l’occasion de courir.

Départ samedi matin de Grenoble, à 3, Max, Jo et moi. Après quelques galères pour trouver un porte vélo, tout était finalement prêt et nous sommes en route pour un sacré week-end. On récupère Batou au passage à Romans. Il remplace Oli blessé.
Le trajet est vite avalé, mais on a quand même pas le temps de passer au camping réserver un emplacement, on fonce direct sur Lafare, au pied des Dentelles, commune de départ du samedi. Coup de feu à 12h30.

Jour 1, Samedi

Section 1 Relais Trail (2*2.5km)

La première épreuve est un relais trail où je serai le premier relayeur. Malgré les conseils de Seb l’organisateur, ça part super fort. Je suis dans un petit groupe de tête, mais je ne suis pas à mon aise car le profil est très trapu. Je vois au loin sylvain Camus du Team Garmin prendre les devants.
Une fois en haut, je laisse rouler dans la descente, pour garder de la cuisse. Le chemin est ludique et très agréable.
J’entends soudain un cri de douleur. Quelques mètres plus loin je croise Vincent Faillard, arrêté sur le côté, la main sur la cheville. Je comprends rapidement que la course ne commencera pas pour Vibram Lafuma.
De retour au village, je passe le relais à Max dans les 10. Pas trop le temps de se reposer, tout juste de boire un coup. Sans surprise c’est Garmin et René Revera qui arrive en tête. (31’53 au dernier 10k de Cannes). Mais juste derrière c’est mon Maxou!
Ça devrait me mettre la pression mais ça me fait juste vraiment sourire. Du coup on loupe un peu la transition, et on part avec le premier groupe en VTT.

Section 2 VTT’O IGN

On est dans le tempo et on revient même sur la tête du groupe dans une descente où ils sont arrêtés (j’avais lu la carte un peu à l’avance). Dans cette descente il faut prendre à droite à un moment. Un petit sentier. Je reste vigilant mais on arrive au bout de la descente sans avoir trouvé ce chemin !
La route est interdite et il faut trouver autre chose pour rejoindre la balise suivante.
C’est alors que j’imagine une stratégie totalement foireuse qui nous obligera, quelques minutes plus tard, à grimper un talus à 45°, plein d’épines et de branchages, avec nos vélos. On y laisse un paquet d’énergie. Mais on en sort finalement. Nous voilà sur la route, dépités.
Le reste est encore chaotique (un sentier pas sur la carte, loupé de balise) mais on croise des équipes de bon niveau (Quechua, Garmin) alors on se remotive.
C’est donc regonflés que l’on part pour la CO.

Section 3 CO IOF + CO urbaine

Je suis remotivé. Le visuel avec des équipes comme Raidlink’s me réconforte. On nous tend la carte et le carton de pointage agrafé par dessus. Je commence à faire mes choix. On part en direction de la 9. Je me rappelle le brief : « on bascule de la CO urbaine à la CO IOF via la balise 1. »
Elle est où cette fichu balise ? Je découvre un peu tard qu’elle est sous mon carton de pointage ! Grrr !
Un petit détour gratuit, on est contents.
La CO urbaine se passe très bien, on est dans le gros du paquet.
On enchaîne sur la CO IOF où Max m’aide à me mettre dans le bain parce que j’en chie avec le changement d’échelle. L’ordre est libre mais le sens de parcours est assez intuitif.
On trouve tout assez vite. Je fais même un choix dont je suis assez fier (Plus long en distance, mais au lieu de couper dans du vert on descend un pierrier à 2000). On finit avec Quechua assez contents.

Section 4 VTT’O IGN

Ça s’annonce un peu plus long. Le début est assez difficile sur la carte.
Je lis qu’ il y a deux chemins et qu’il ne faut pas prendre le mauvais. Dans le feu de l’action, on prend quand même le mauvais. Je m’en rends compte rapidement et je commence à vouloir couper au plus vite. La végétation s’y refuse. On se résigne à faire demi tour. Qu’est-ce qu’elle est agressive la montagne par ici !
On croise les mixtes avec qui on a fait une partie de la CO, ainsi que Jocelyn et Carine de XTTR63. On passe en tête du groupe. Je lis encore un peu rapidement la carte et veux passer directement de la balise 7 à la 9. Rien ne sert de courir, il faut surtout aller au bon endroit. On croise à nouveau tous les copains qu’on vient de doubler. Grrr…
Ça commence à faire beaucoup de conneries, va falloir se ressaisir !
La suite se passe mieux. On rattrape les verts de Quech’ et on fait un bout de route ensemble. Les sentiers sont majeurs. Techniques, ombragés, ludiques,…
On est pas tout à fait à notre rythme mais l’ambiance et bonne, on en profite donc pour récupérer de l’énergie. A la sortie du single, je prends les devants. Ce long sentier m’a bien requinqué.
Je me persuade pourtant un peu plus loin que le parc à vélo est au niveau du départ de course, et j’embarque Rudy et son équipe dans ma bêtise. Encore une poignée de minutes en l’air.
Je ne le sais pas encore, mais c’est ma dernière connerie du raid.
On rejoint le bon parc, avec Quechua et une flopée d’autres équipes.

Section 5 Trail’O IGN

Ça fait du bien de laisser les vélos. Le départ, dans un canyon, est super chouette. La technicité du parcours (corde, grimpette) a créé un bouchon. On prend notre mal en patience, on se repose.
Dentelles 2011
A l’issue de cette première partie très raide, on peut courir à nouveau. On prend le pas des verts avec qui on partage un bon bout de course depuis le début.
Max se sent bien, et on quitte notre groupe pour faire cavaliers seuls devant.
Dentelles 2011Dentelles 2011
La première partie est roulante bien que montante, mais la seconde n’a rien de rapide. Dans cette dernière on longe les falaises de Montmirail et les sites d’escalade. Sous les chênes. Racines, pierres, troncs, … tout est là pour ralentir notre progression.
Le technique nous va bien, on est à l’aise et on revient sur en groupe de 3 équipes que l’on double sans mal. On se régale les yeux.  On reste pourtant concentrés et on effectue une bonne descente.

© christophe delhotal

© christophe delhotal

 

Une pause méritée s’offre à nous avec une mini via corda: pont de singe + rappel. On profite de l’arrêt chrono pour repartir gonflés à bloc vers les deux dernières sections de la journée.
Dentelles 2011
Après une nouvelle descente raide, on termine ce trail technique et majeur avec de bonnes sensations.

Section 6 Bike & Run (1km2, descendant)

On a la stratégie : de très courts relais nous permettent de courir à 20 à l’heure. Super tempo.
1km2: c’est très court.

Section 7 CO urbaine mémo

Maxou m’aide à retenir les 7 balises. Le but est de ne pas en oublier pour ne pas avoir à revenir. Une fois l’ordre établi on s’y conforme. Après avoir vérifié qu’on ait bien eu les 7 d’un coup, on bip notre arrivée !
Bien contents de notre fin de course, on se croit dans les 15.
On va chercher le vélo de Max et nous en profitons pour se passer les jambes à l’eau froide.
Dentelles 2011
Au retour, on croise nos deux patates Jo et Batou qui sont super fiers de nous: on est 4ème !
Super contents et surpris par rapport aux conneries cumulées, on croise les doigts pour rester dans le top 5 le lendemain.

Direction Malaucene où on trouve le camping fermé (trop tard). On mange donc chaud au resto et on trouve un coin d’herbe dans un verger : au poil.

Jour 2, Dimanche

Départ en poursuite. On commencera donc à 5h12. Debout 3h30: ça pique.

Section 1 CO -Trail IOF de nuit.

Il fait frais à 1400, 5h, un 17 avril. Heureusement la météo est de notre côté.
On part juste derrière les Garmin, juste avant Lozère Sport Nature.

On commence par une partie IOF en forêt. Le Phare Patate éclaire d’enfer et mon esprit est vif. Les balises s’enchaînent assez bien, les trois équipes sont groupées.
La seconde partie est la crête du Ventoux pour rejoindre sont sommet. Je coupe la toute première épingle de route et prend les commandes. On distance nos camarades de Lozère Sport Nature et Garmin, ces derniers ne recoleront jamais.
Au loin la pleine lune orangée veille sur nous.
A l’image du trail de la veille, la montée est superbe. Le sol est couvert de lapiaz , le chemin est très technique. Avec Max on se régale.
Il suffit de suivre les cairns. On part souvent un peu à droite, en prenant au plus facile, mais il suffit de rejoindre la crête pour retrouver les tas de cailloux bienfaiteurs.
On sort bientôt de la forêt,  le sommet est en vue ! Il fait nuit , mais le ciel noir commence à aller chercher sa couleur bleu du jour.

La petite lueur, juste sous le sommet, c’est celle des premiers, Vibram Lafuma. Je les pointe à 6 minutes.
Le sommet est vite atteint et on bascule rapidement dans la descente. C’est très pentu, plein de cailloux, glissant, casse gueule, mais on se régale. Sans perdre trop d’énergie, nous voilà déjà en bas.
La tête semble encore plus proche. Je les pointe maintenant à seulement 2 minutes au niveau de la dernière balise.

Section 2 VTT’O IGN

On nous annonce deuxièmes. On ose tout juste y croire, on reste concentrés. Le but est de ne faire aucune faute. Je trouve tout de suite le chemin de descente alors qu’on croise les premiers qui on fait un mini détour ! Les accrocher serait le bon plan. Malheureusement Max est tout dégonflé à l’arrière. Il n’a pas vérifié son vélo avant de partir (c’est le métier qui rentre).
Comme il n’est pas en tubeless, on s’arrête pour gonfler. On laisse donc filer les Lafuma et Lozere Sport Nature en chasse.
On repart à fond.
La descente est technique et nous vaut quelques gamelles. On y prend beaucoup de plaisir quand même. On croise à nouveau Lafuma victime d’une crevaison.
NB: On voit très bien les crêtes du Ventoux et cette descente VTT sur la vidéo de reco :

En bas, après 1000m de négatif, on est en deuxième position a vue des hommes de tête. La suite s’annonce costaude avec un GR profil montant. Baptiste et Guillaume (Lafuma) reviennent vite au contact. Alors que le GR n’est pas très roulant, on double les premiers où l’un des deux est un peu à la peine.
J’exprime à Maxime ma joie devant un tel paysage. Ce dernier confirme et s’inquiète que nous ne montions pas sur le versant de l’arrivée. Et oui, on monte juste pour mieux redescendre ! 🙂
La lumière est vraiment chouette, avec le soleil encore bas.
On en termine avec cette grosse montée, Lafuma sur les talons. Je me concentre sur la carte et me prends un petite gamelle qui m’invite à rester vigilant.
Pas d’erreur d’orientation, on rejoint la vallée à 4. Baptiste et Guillaume nous posent dans la suite du parcours : un dénivelé sec de quelques centaines de mètres.
Je force Max à monter sur le vélo, malgré la pente. On est un peu à bout.
On rejoint finalement une piste plus large et moins raide. Cette dernière nous amène, en presque 6km, au parc vélo.
Max en chie un peu. Moi aussi, mais j’ai l’impression de me sentir mieux. Je lui propose mon aide. Je tire 1 minute 2 secondes et il coince sa chaîne.
Un maillon est à la rupture, mais on choisit de ne le réparer que s’il casse. Il prend un peu d’avance, le temps que je remette mon sac.
Il me faut presque 5 minutes à le rattraper. L’hypo me guette. J’enfile deux gels et beaucoup d’eau. J’appelle à l’aide. Une pause de 20secondes, une barre « tarte aux fraises » et c’est reparti.
Heureusement pour moi le sentier descend un peu, je récupère.

Section 3 CO photos aériennes.

On pose nos vélos. On prend le temps de faire le plein en eau. Sans oublier la carte IGN vélo, on est partis. Je me rappelle le road book lu la veille :

Nous vous conseillons de faire dans l’ordre.

Let’s do this. Les balises s’enchaînent bien et le paysage est une fois de plus magnifique. On est bien. Sur les crêtes on croise Seb et quelques orga qui nous encouragent. Ils nous disent n’avoir vu personne avant nous. Mais qu’on fait les autres ?
On crapahute, on bascule sur un pierrier que l’on dévale à toute allure. Les balises ne nous résistent pas. On croise alors les premiers, venant de l’une des 3 balises qu’il nous reste. Ils ont donc fait le tour à l’envers ?
On se trompe d’un pierrier sur la suivante, mais on s’en aperçoit vite et on perd tout au plus 2 minutes. La 19 en poche, il ne nous reste que la 20. On croise alors tout une flopée d’équipes, en sens inverse (Quechua notamment, et les Patates 2). On récupère la dernière, il n’y a plus qu’à rentrer.
Je vise le col et la piste qui y passe au mieux. La végétation est drue, ça passe mal. On galère et je fatigue. Des buis, des branche mortes, des ronces, des racines. Je suis griffé de toute part. Je m’épuise à trouver la faille à cette forteresse verte. J’en vois plus le bout.
Sur la piste, je respire, mais je n’ai plus beaucoup d’énergie. Difficile de faire le retour en courant.
Au parc à vélo, on est premiers. Tout le monde nous encourage.
On prend notre temps. Changement de chaussures, remplissage réserves d’eau,…
Nous voilà partis !

Section 4 VTT’O IGN, the last one

Pas sûr que je trouve la force de résister au retour de nos poursuivants.
Paf, ce qui devait arriver arriva. Non non, pas de poursuivant à l’horizon, mais Max une chaîne en moins. Sans perdre de temps, je dérive deux fois et boucle la chaîne. En allant un peu vite, je me trompe de chemin dans le dérailleur. Qu’importe, il faut partir comme ça. J’en ai profité pour sortir les deux seules barres qu’il me reste.
Nous voilà repartis. Je choisis l’itinéraire le plus simple, que j’espère aussi le plus rapide : la piste. Le rythme est très bon et je m’épate vraiment. Le changement de discipline m’a fait du bien. (c’est surtout la pôle position)
Je me retourne souvent, mais personne n’est en vue, on avance. Je commence à y croire quand il ne nous reste qu’un petit kilomètre.
C’est le moment où Max décide de crever. Il pince la roue, à l’avant. Du jamais vu !
On tente la bombe anti-crevaison qui foire. On décide de finir à pied ! Le champs final est en vue, sur ma carte il reste 300m.
Je soulage un peu Max de son vélo. En haut on nous acclame, on nous filme. Tout le monde sourit et nous félicite !
J’y crois pas vraiment, je suis juste très content d’en avoir fini ! 🙂

On discute le coup en attendant les seconds. Ils arrivent quelques minutes après, vraiment dégoûtés et déçus de ne pas avoir fait la dernière CO dans le bon sens. On les comprend. Comme le matin on les aurait peut être rattrapés à la course, mais on aurait sans doute pas pu les suivre en vélo. Bref, on aurait été refaits à la 5ème place du raid alors là, la plus haute marche c’est juste inespéré !
Dentelles 2011
Podium:
1 LES CHAUDS PATATES 1 H JANSSENS Gaetan LEGER Maxime 11:19:53
2 LAFUMA VIBRAM 1 H DEMANGEON Guillaume TURREL Baptiste 11:41:14
3 LOZERE SPORT NATURE POWERBAR 2 H CAMALET Damien RAMBIER Nicolas 11:47:33
4 RAIDLINK’S AB H LHERMET Adrien BERNARD DURAND 11:51:34
5 ABSOLU RAID RODEZ H SEGURET Adrien VILLENEUVE Lionel 11:53:27

résultats complets

Bilan:

  • Max un partenaire idéal: même niveau technique en vtt et trail, niveau équivalent en forme physique. Bonne humeur, un peu de CO pour me rappeler dans le droit chemin. Une crême.
  • Un raid majeur et une organisation au poil. Vraiment un super tracé et une région qui mérite d’être connue.
  • Une orientation vraiment trop souvent précipitée (cf premier jour), j’essaie trop souvent d’être au delà de mon niveau.
  • Une bonne caisse physique, aucun pépin de ce côté là. (hypo bien gérée!)
  • Un méga bon week-end!

Merci la 400team, à bientôt !

EDIT: le CR de Maxou est ici.