C’est en train de devenir une habitude, cette année encore une patate est allée se frotter à l’anti-UTMB du coin, à savoir la traversée du gros tas de cailloux en face de la maison. L’Echappée Belle, la course qui fait rêver tous les sportifs-montagnards 2.0: traverser intégralement un massif par les sommets, courir sur des sentes à moutons, manger du caillou, monter et descendre du gros pentu, (vous reprendrez bien un peu de cailloux ?), … sur 144km et 11 000m+. « La plus belle, la plus dure ». Après Gaëtan l’an dernier, c’est Batou n°2 qui s’y colle cette fois. 2 essais sur le 85km et l’envie de voir comment ça fait chez les grands m’ont fait sauter le pas pour un premier ultra, qui ne pouvait être que
celui-là.

J-1: retrait des dossards, puis stop pour rejoindre le départ et mon hôte président des Chamois d’Orient’Alp. L’excitation est là, mais la motivation peine à trouver sa place. Inch’Allah. 22h, sms de l’orga: « Alerte brouillard, chargez les traces GPS et courez groupés … bla bla bla » Rrronnnn…

Frais comme des gardons avec Mathieu et Cendrine au départ (photo Eric Mermin)

H+1: le jour se lève sur les contreforts de Belledonne, du moins je suppose car ce que je vois devant moi c’est un mur de brouillard. Je continue à monter tranquillement vers l’Arselle.
H+3: Gaëtan se fait une petite sortie à la cool pour voir du monde. Je lui demande où on est dans ce monde de brouillard et de cailloux, je ne reconnais rien.

Le brouillard c’est là, les cailloux c’est juste à coté -photo Thomas Vigliano

H+(j’ai arrêté de compter): aux lacs du Doménon, Belledonne nous fait voir ce qu’elle a de plus beau sous le soleil. Moment précieux et unique de grand beau. Les prévisions sont alarmistes pour la suite, et l’orga nous fait gagner du temps en shuntant l’AR à la croix de Belledonne. Faudra revenir ! La descente de Freydane sur le lac Blanc est toujours aussi splendide, mais nous enfonce à nouveau dans le brouillard. C’en est fini du soleil.
km 60, le Pleynet: Adrien me retrouve à l’improviste pour m’aider à l’assistance et faire un bout avec moi. Voilà qui fait plaisir ! Il m’indique ma progression, et je sais en repartant que sauf souci majeur, j’arriverai à Aiguebelle. Le col du Morétan est shunté pour cause de météo (parait qu’on aurait eu de la neige…), dommage.
Je continue à gérer comme depuis le début, et comme dans mes plans: montées sans trop forcer, descentes rapides comme je sais faire, ravitos express. Ca paye: ceux qui me doublent à la montée se font manger à la descente suivante, et oublier une fois reparti du ravito.
km 100, Super Collet: ça tient toujours, j’arrive au creux de la nuit. Cette fois je prends un peu de temps pour me retaper. Un peu trop, le redémarrage fait mal, et je sais que la section qui vient n’est pas si évidente. Dans le brouillard, je me fais enrhumer par 3 avions de chasse, dont Mathieu Chesneau, loin devant mais qui a fait un stop dodo ultra efficace.

Ambiance mystique aux Férices (photo organisation)

km 110, les Férices: je me force à tenir le rythme sur la fin de nuit, en sachant que derrière Val Pelouse c’est descente et tout bonus pour moi, mais je commence à peiner.
km 125, sommet du Grand Chat, dernier sommet: j’en ai gardé un peu sous la semelle dans les dernières bosses. J’ajuste la mire et commence le shooting. C’est parti pour une dernière grosse partie de Pacman ! Miam, la tête est aux anges, et les jambes répondent encore bien. Je crois encore aux 30h, avec une descente de feu. Doux rêveur !
km 130, le Pontet, dernier ravito: 1 bip, 2 bananes et tchao. Encore 5 places. La dernière bosse avalée à pleine balle, j’entame la descente sur les chapeaux de roues. J’ai déjà pu la sortir très vite après 80 bornes, pourquoi pas après 140 ? J’ai des crevasses aux pieds mais serre les dents et me dit que ça tiendra bien encore un peu. Après 30min de lutte et de cavale, je rends les armes, trop mal, et fini en trottant. Ma seule erreur de la course, ne pas m’être arrêté 10min pour sécher mes pieds, 10min que j’ai perdu 3 fois sur la toute fin. Tant pis, l’arrivée est là, la course plus que réussie, je ne suis plus à 15 ou 30min pour sonner la cloche à Aiguebelle. Et de toutes façons il faudra revenir pour faire l’intégrale, la vraie.
Au final une 24e place complètement inespérée, mais surtout une énorme leçon de gestion de soi, de maitrise, qui procure une profonde satisfaction. On court pour se faire plaisir, pas pour se faire mal, c’est tellement mieux !

On n’est pas bien là ? Récup à 10m de la ligne (photo organisation).

Coté raideurs, il faut noter la méga perf de Seb Raichon, tout en habitué du très long (2e), la constance de Sandrine Béranger (1ere féminine, 11e scratch), et la super course coupée en 2 de Mathieu Chesneau (18e).
Merci aux orgas de proposer cette vraie course de montagne (même si on aurait aimé un Morétan « grande ambiance »…), et aux très nombreux bénévoles qui rendent à leur manière cette ambiance si particulière.
Merci à tous ceux qui m’ont soutenu de près ou de loin, par texto ou avec leur baskets.
Et Bravo à tous les finishers.