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Cette année, Raid In France annonce la couleur !
Support des championnats du monde des raids, toutes les grosses équipes nationales et internationales ont retenu cette date pour être au top.
Près de 500km et 20 000m de dénivelé au programme, le parcours traverse toutes les Alpes du sud, depuis l’Argentière la Bessé dans le 05 à Roquebrune Cap Martin sur la côte.
Parmi tous les grands raideurs réunis, on retrouve deux patates, Oli et Gaët. Ils font partie de l’équipe ODS 67 Powerbar, complétée par Alexandra (CasalRunning/Raidlight) et Nico (LSN).

Le format hors norme de cette course en refroidissant plus d’un, il est difficile de mobiliser les troupes. Seul Nico et Gaët ont pu s’entraîner ensemble pour cette occasion, le reste de l’équipe n’ayant été définitivement fixé que 30 jours avant le départ.
Alex découvrira un nouveau type d’épreuve, un nouveau format de course et ses coéquipiers. Un pari risqué.
Le principal moteur et point commun des 4 coéquipier est une motivation à toute épreuve.
Les vérifications techniques et la préparation de l’alimentation nous occupent deux journées pleines. C’est que la liste de matos est longue : haute montagne, canyon, rafting, canoë, VTT, autant de disciplines spécifiques pour lesquelles il faut se procurer du matériel particulier.

Après tous ces préparatifs fort stressants, nous voilà partis pour le prologue : une course d’orientation au score sur vue aérienne. Tous les concurrents sont à bloc, ça part à fond dans les rues d’Argentière. Au lieu de trouver des toiles, les boîtiers sont tenus par des bénévoles qui ne laissent bipper le doigt que s’ils voient les 4 équipiers à la balise. Autant vous dire que ça a beaucoup brassé sur les premiers postes. Un bénévole s’est même fait bien chahuter par des concurrents dont le comportement faisait honte à notre sport. N’oublions pas que nous sommes là pour nous amuser et que c’est grâce à la bonne volonté de tous ces bénévoles que nous avons une épreuve de qualité.
Gaët oublie bêtement un poste au sommet de la colline que nous devrons donc gravir deux fois. Nous voilà classés à la 46ème position. Nous partirons donc le samedi matin 23 minutes derrière les premiers, qui ne sont autres que nos amis de Raidlight LSN.

Samedi matin, 4h. Après une première section de route neutralisée, nous rejoignons le camping d’Aillefroide. Le premier trek nous fait monter au col du Selé par le glacier du même nom. Après une erreur d’itinéraire au tout début (rive gauche au lieu de rive droite, à 6h du mat c’est pas facile…), nous remontons quelques équipes pour nous placer en fin de paquet. Initialement prévu en boucle autour du Pelvoux, l’itinéraire est en aller-retour. (La mauvaise météo des jours précédents n’a pas permis aux guides de sécuriser et d’équiper correctement le parcours.)

sur le glacier

360 depuis B4 rif 2012

Pour ne pas que ce parcours bis ampute trop d’heures à la course prévue, l’organisation nous gratifie d’un très beau trek de temps équivalent autour de la tête des Lauzières et de la Cime de la Condamine. Dès le début de ce second trek, les premiers bobos de l’équipe commencent à apparaître. Gaët nous fait d’abord savoir que son genou n’est pas au mieux. Quelques jours après sa CCC il avait ressenti une douleur, elle n’a jamais vraiment disparu jusqu’au départ du RIF.
Alex nous fait savoir qu’elle se sent vraiment dans le rouge depuis le départ.
Oli et Nico se relaient pour tracter dans les montées.
Pourtant la première montée de ce second trek est rapidement avalée et nous reprenons quelques équipes, jusqu’à celle Arverne Outdoor, une team que nous recroiserons plus d’une fois !
L’itinéraire est très sauvage sur la deuxième moitié du trek. Nous cheminons hors sentiers dans des terrains parfois techniques.

trail sauvage rif 2012 La descente, bien qu’abordée à allure réduite, fait beaucoup souffrir le genou de Gaët. Nous finissons ce trek au milieu de la nuit, pas tous très frais !

Vient maintenant une courte section de VTT. Le premier poste en aller-retour est mal géré par l’équipe qui perd un peu de sa cohésion. La suite, via un monotrace à flanc de montagne, ne plaît pas du tout à notre Alex !
Mal éclairé, ce chemin technique ne lui réussit pas. Aucun des gars n’a remarqué son handicap pour lui prêter un gros phare de VTT.

Premiers doutes passés, arrivée à la fin de ce laborieux VTT, l’équipe repart pour la section C, à nouveau un grand trek, dans le massif du Queyras cette fois.
Pour atteindre le premier poste, nous devons remonter une rivière qui ressemble parfois à un canyon, puis marcher au fond de celui-ci avant de remonter une cascade par une échelle de corde !
Tout mouillés, nous devons nous changer rapidement car les nuits sont froides.

La première nuit blanche est avalée et les premières couleurs du lever du soleil nous donnent du baume au coeur. Les paysages sont magnifiques.
Encore une fois, une grande partie du trek se fera hors chemin, pour le plus grand plaisir de nos yeux, mais pas de nos pieds !!!
Les ampoules, apparues dans la descente du col du Selé, font maintenant place aux crevasses dûes à l’humidité.

nico casse deserte

Arrivés au CP de la Casse Déserte en compagnie de Arverne, on nous demande de présenter 3 sacs de couchage. Misère ! Nous n’avons pas pris en compte la modification du road book et n’en avons qu’un. Indulgents pour une première mise en garde, les bénévoles ne nous imposent qu’une heure de pénalité au lieu de 6, ce qui nous permet de faire notre première heure de repos. Chacun en profite pour faire sécher ses pieds. Un peu déçus d’avoir eu à s’arrêter, nous repartons sur notre rythme car la suite est encore longue.

Queyras

Peu après la tombée de la nuit, nous arrivons à Château Queyras, pour enchaîner avec la section via-ferrata. D’allure débonnaire, cette via-ferrata aura le malheur de faire souffrir le genou de Gaëtan qui s’habituait à peine au mouvement de la marche. Cette longue serie de cables se poursuit par une marche aquatique dans le Guil.

Difficile d’accepter le roadbook qui nous oblige, à 22h, à emprunter le lit humide du torrent quand un sentier permet le même itinéraire, quelques mètres au dessus.
Nous arrivons enfin à B16 un peu avant minuit et sommes bloqués à cet endroit avant de repartir au lever du jour pour le rafting.
La nuit est longue et froide puisque nous n’avons qu’un duvet pour 4 ! Heureusement le feu nous réchauffe un peu (très peu en fait …)
Dès le lever du soleil , c’est direction le raft … par le lit de la rivière toujours, histoire de nous pré-mouiller. C’est transits de froid que nous finissons cette marche aquatique parfois périlleuse où nous avons du nous mouiller jusqu’au dessus du nombril.

Heureusement les combinaisons néoprène remplissent parfaitement leur fonction et dès les premiers coups de pagaie, le froid se fait un peu oublier. Pas toujours au top de la coordination nous arrivons tout de même à passer les rapides sans trop de mésaventures. Le fond dégonflé du raft lui donnera une fâcheuse tendance à se coincer sur chaque bout de rocher affleurant : à chaque fois c’est la lutte pour le dégager du tumulte.

Cette épreuve restera dans les mémoires de toutes les équipes comme une section sensation qui demandait beaucoup d’engagement. Un grand moment.

transition rapide vers le Canoë

Section “ludique” avalée, nous repartons pour un petit trek qui nous mène aux environs de Mont Dauphin. Une transition rapide pour une nouvelle activité nautique et nous voila à finir la descente du Guil en canoë. Nous aiguillons ensuite sur la Durance qui nous réservera un chavirage à chaque équipage ! Une fois descendus des canoës, nous arrivons à la première des deux aires d’assistance du raid où nous retrouvons un premier bidon de 50L.
Quel bonheur de pouvoir enfiler des vêtements secs ! Hop, juste le temps d’avaler un sachet de ravioli et de faire soigner les pieds de Gaët (une ampoule sous la plante, remplie de graviers… bon appétit) nous voila repartis sur un petit trek enchaîné d’une longue section vélo. Là encore les couleurs du coucher du soleil sont magnifiques et laissent place à la nuit noire sans lune.

La remontée d’une longue piste est assez monotone. Heureusement , une équipe de cameramen croisée sur la fin de la montée nous redonnera le moral.
La descente du col se fait d’abord sur une piste assez rapide, puis par des sentiers assez techniques. La dernière remontée vers l’aire de transition est très laborieuse et ponctuée de nombreuses pauses. Les monotraces techniques et parfois exposées ralentissent beaucoup notre progression. L’équipe a parfois du mal à rester groupée dans ces moments difficiles.
Alex souffre du manque de sommeil. D’abord identifié comme une hypo, seule une courte pause de 10 minutes nous permet finalement de terminer la section.
Alex perd l’équilibre. On s’arrête une première fois pour qu’elle s’alimente. Le ventre moins vide, elle ne retrouves pas pour autant ses repères. C’est finalement un stop de 10minutes de sommeil qui nous permet de terminer la section.
C’est vraiment dans un grand état de fatigue que nous entamons le nouveau trek dans le parc du Mercantour. La fin de nuit est très difficile, et une nouvelle courte pause de 20min est nécessaire. Une fois réveillée, toute l’équipe se sent fraîche et neuve, c’est dans la bonne humeur que nous montons à l’assaut de notre premier col du Mercantour. Une fois en haut, un bénévole nous apprend que nous sommes à la 25ème place et que dans les 24 équipes nous précédant, plusieurs sont à 3. De quoi nous mettre un super moral ! D’autant plus que nous apercevons Arverne Outdoor à 15 minutes.

Une longue descente sur la piste nous fait regretter de ne pas avoir caché nos VTT dans nos poches. Petit à petit ce long trek nous use, et le passage au col à 2770 m nous met littéralement KO. La descente est un chemin de croix pour Gaët qui souffre de son genou depuis le début du raid. L’interdiction de quitter le chemin ne fait rien pour arranger les choses car ce dernier n’est pas rentable (peu de dénivelé et beaucoup de distance).
Alex a du mal à suivre le rythme de l’équipe et souffre de douleurs musculaires. Nous n’arrivons pas à progresser à rythme régulier, mais chacun à sa vitesse et rarement groupés. Peu avant la fin de la section trek, nous décidons d’une pause micro sommeil de dix minutes.
La descente sur le dernier poste, hors sentiers, est très technique. Alex supporte difficilement cette nouvelle aventure. Complètement désordonnés, nous rentrons à l’AT 10 en discussion sur la gestion interne de l’équipe.
Alex voudrait définitivement réduire le rythme pour être sûre d’arriver au bout. Gaët et Nico ne s’imaginent pas aller plus doucement.
Afin d’éviter de reproduire la mésaventure VTT de la nuit précédente, nous avons décidé de dormir un peu avant la nouvelle section.
Deux heures plus tard, au réveil, les questions n’ont pas trouvé réponse et la motivation générale des premières heures n’est pas au rendez-vous.
Gaët, souffrant toujours du genou ne voit plus trop l’intérêt de se faire mal si le moral général ne suis pas.
Les bénévoles et la gérante du camping essayent pourtant de nous remotiver et nous convainquent d’attendre le lendemain avant de prendre la décision sans retour. Pourtant après cette deuxième nuit froide, l’équipe est encore plus ramollie. Ainsi soit-il, nous nous arrêterons ici.
Alex toujours motivée à se dépasser pour finir le RIF plus calmement trouvera à l’assistance suivante des coéquipiers avec qui terminer.
Oli, retourne bosser fissa à Chambéry pour économiser ses derniers congés, et Gaët et Nico filent à l’arrivée pour récupérer les affaires de l’équipe et assister à l’arrivée des copains.

Voila, cette aventure s’est donc terminée un peu brutalement, et malheureusement pas par un succès.
Mais au fond l’équipe n’était peut-être pas prête à se dépasser suffisamment pour aller jusqu’au bout de l’aventure.
Dans tous les cas, on gardera toujours en tête les superbes paysages, l’ambiance des nuits noires et froides et les bons moments partagés à tous.

OLI

J’ajoute quelques lignes sur cette course magnifique qui me tient déjà, après deux éditions, particulièrement à coeur.
Je pense qu’on a placé la barre bien trop haute pour Alex et une première expérience RIF.
C’est une excellente sportive mais qui manque d’expérience en montagne. Les passages techniques et/ou hors sentier sont pour elle un calvaire où elle laisse encore trop d’énergie.
Nous avons malheureusement raté l’occasion de partager quelques jours d’entraînement avec elle au mois d’août et avons donc pris le départ les yeux bandés, espérant que tout irait bien.
Nico et moi sommes deux jeunes raideurs vraiment passionnés ayant tout deux hâte de pouvoir participer à de tels événements en pleine possession de nos moyens.
Oli pouvait s’intégrer aussi bien dans cette dynamique de compétition et performance que dans la dynamique de découverte qu’Alexandra avait choisie.
Il était alors la clé de voûte parfaite qui faisait lien entre nos deux mondes, finir le mieux possible contre finir tout simplement.
Malgré les nombreux signes avants coureurs, c’est bien à l’AT10, après 80h de course que nous avons tous réalisés l’incompatibilité de nos scénarios.
Pour Alex, dans le rouge physiquement et psychologiquement depuis le départ du raid, impossible de continuer au même rythme.
Pour nous, trop difficile de changer d’intensité, de finir en roue libre, loin de nos capacités, en shuntant certaine sections.
La motivation commune est en berne.
Olivier, entre deux, ne réussit pas à recoller les morceaux.
Sans blessure il aurait fallu pouvoir se re-mobiliser à 4 et reconstruire un objectif commun pour reprendre le long chemin de Roquebrune.
Objectif commun que nous n’avons jamais réussi à mettre en avant jusque là.
Blessé depuis le départ, j’ai préféré en rester là.
Bien sûr je suis déçu de ne pas avoir pu rallier l’arrivée, mais je ne regrette pas ma décision.

Le raid en coupe du monde c’est l’aventure à la puissance 10. Les paysages, les émotions, les efforts, le dépassement de soi y sont hors norme. Ce n’est pas une épreuve que l’on peut prendre à la légère (notamment en courant, même doucement, un ultra 15j avant).
Il faut s’y préparer et l’aborder avec une équipe qui a sa propre identité. Une équipe où chacun des membres partage un objectif commun, où chaque athlète connaît les forces et les faiblesses de ses camarades. Une équipe qui a une expérience et un vécu en commun.
Je ne pense pas que ce soit la condition nécessaire est suffisante à terminer une épreuve ARWS (l’APEX de cette année ou mon RIF de l’an dernier prouveront le contraire), mais c’est selon cette formule que j’aimerais continuer mon expérience dans le domaine, pour un jour me frotter, avec les copains, à l’élite mondiale (pas forcément intouchable).

Bravo à Pascal et toute son équipe pour avoir l’audace, le courage et le talent d’organiser une aventure d’une telle envergure.
Bravo à toutes les équipes, celles qui ont pris le départ et toutes celles qui en sont venues à bout.
Bravo aux copains de Quech qui ont été les auteurs d’une superbe course, malheureusement terminée quelques heures trop tôt… Bravo aux copains Sonia, Adri, Seb et Coincoin, vous êtes des champions. Bravo Benj, Sandrine, Denis, Oliv, Manu, Bat… le top 10 c’est tellement énorme…

400team fin rif 2012

Bravo aussi à la Bim Bim team! Des ptit jeunes qui ont monté leur projet jusqu’au bout, et qui sont finisher. Ils m’ont vraiment fait rêver, c’est comme ça que j’aurais aimé commencer les coupes du monde…
Et enfin, bravo Alex pour ton dépassement et ton courage. Bravo Oli pour ton premier long, tu es taillé pour ça, c’est que le début. Bravo Nico pour ce beau début de course, promis la prochaine fois on se donnera les moyens d’être le couteau entre les dents jusqu’à la fin.

GAET

Toutes les photos sont ici.