La soirée du samedi est calme.
On profite du tarif préférentiel pour prendre une petite bière et quelques frites.
Cela ne nous coupe pas l’appétit pour la soupe chaude et les pâtes qui suivent.
Comme la veille, on prépare nos affaires de course. Comme la veille Salomé tournera au cake aux olives!! 🙂

Brief des chefs: encore une sacrée journée, gavée de portes horaires, CO, bonus et échappatoires. Il faut bien tout retenir.

Le réveil sonne à 3h45 alors que la fatigue physique nous aidait à dormir un peu plus profondément que la veille.
Pour gratter un peu sur la nuit et parce que le départ est hors chrono, j’ai choisi de prendre moins de marge pour le réveil.  Heureusement que personne n’était à l’heure, parce que nous on était un peu en retard !

5h10: c’est parti pour 7km à vélo, en convoi, direction Villard-de-Lans.
A mi-chemin on s’arrête tous : trop de crevaisons à l’arrière. L’attente est longue dans le froid et la nuit.
La CO est sensée être nocturne, mais le temps passe et l’aube est vite au rendez-vous.

On finit enfin par repartir, parcourus de frissons de froid.

En bon chien de berger, je rassemble mes troupes.
Le chrono est lancé à la sortie du village dans la montée de la station côte 2000.
Départ en trombe en mode remorqueur. Je me prends au jeu d’essayer de doubler les lièvres/ouvreurs.
A ce rythme la station est vite atteinte, et nous avons une mini avance pour commencer la CO à pied sereinement.

Au brief, Baptiste, le directeur de course, avait annoncé qu’il était « possible » de tout prendre dans le temps imparti de 40minutes. Gourmand, je propose à Batou de faire ainsi.
C’est lui qui tiendra la première carte IOF du weekend, pour une concentration optimale.
Le jour se lève rapidement et nous avons laissé nos frontales.
Les première balises s’enchaînent bien, on débusque un chevreuil.
On jardine une première fois, par manque de chance (on passe à 3m). Rien n’est perdu, on enchaîne.
Au second petit jardinage, le chrono commence à m’inquiéter. Il faut absolument récupérer les balises bonus et ne pas dépasser le temps. On file…

J’ai déclenché le chrono un peu avant de pointer la première balise, pour  m’inquiéter plus vite. c’est le bon réflexe à avoir.
Sur le retour, Bat confond une balise optionnelle avec une obligatoire, on perd quelques précieuses secondes avant qu’il ne s’en rende compte. En coupant en direction de la suivante, on tombe finalement sur l’optionnelle, cela temporisera les secondes perdues!

Les minutes passent, les dernières balises sont en descente et s’enchaînent rapidement.
On laisse malheureusement de côté le bonus « montée sèche » (meilleur chrono entre deux balise espacées de 70m de d+).
On bip le début de la C.O. mémo. Je pense qu’on a dépassé. au moins 2 minutes.
les 5 balises à mémoriser se trouvent rapidement.
A la toute fin, Max en mode 800m part un peu trop loin. On le rappelle et dans l’affolement, comme il était en train de descendre des escalier, il se tord la cheville!
Il boîte un peu mais souhaite continuer.

On reprend nos vélos, direction Corrençon. Y a un paquet d’équipes devant…
4km plus loin, le départ de la CO Run&Bike est vite atteint.

On peux laisser, au choix,  2 ou 3 vélos. On va en prendre le minimum étant donné la technicité de la carte.
Ca fait plaisir de tenir une IOF. Il me faut quelques minutes pour me mettre dans le bain. Nous avons 1h au lieu de 1h15 prévu. Il ne va pas falloir se faire avoir par le temps ce coup-ci.
C’est technique mais je suis à l’aise. On coupe plusieurs fois dans les bois et on est bien contents de n’avoir que deux vélos.
On arrive presque au bout. John est en forme et je me paye le luxe de faire une balise de plus. On est bons, il faut rentrer maintenant.

Je pars vers Corrençon et là où on a laissé nos vélos. Pendant la descente, Max et Salom s’interrogent sur la présence du camion remorque vélo au moment de notre départ. Etait-ce vraiment une boucle?
Arrivée au parking, il n’y a plus de place pour le doute: il n’y a plus personne ! l’arrivée n’est pas là !
Je me décompose. Je regarde en profondeur la carte: les deux ronds sont … à l’autre bout!
Je sens le moral des autres en berne également. Pourtant il ne faut rien lâcher, car toutes les minutes entamées au delà de l’heure vont nous coûter 5 minutes de pénalité !

Je pars devant sans me retourner. Je serre les dents et espère que mes amis suivent. Le temps passe et le paysage ne défile pas assez vite. 1h08 et quelques petite secondes… voilà  donc 9minutes entamées:
9*5 = 45minutes de pénalité, (et 9minutes de retard…) J’ai le moral dans les chaussettes, et bien au fond…
Je ne prends pas un instant pour me restaurer. Je surligne en priorité l’itinéraire VTT’O. La transition est longue, mais on est plus vraiment aux pièces.

Nous voilà alors partis pour 20km. La première balise est à récupérer à partir d’un virage franc de la route. Malgré l’attention que je porte au parcours, je manque le point d’attaque et me retrouve un coude trop loin, avec une flopée d’autres équipes. Elles sont toutes à pied, le chemin semble peu praticable. Pourtant, selon moi, ce n’est certainement pas un aller-retour qu’il faut effectuer. On doit garder nos vélos.
Je ne réalise pas à ce moment que nous sommes un virage trop loin. Je suis perdu et ne reconnais rien, je perds confiance.
Un ou deux concurrents dans le sens inverse nous indiquent qu’ils ont trouvé la balise. On suit leurs traces qui nous y mène.
J’essaie de suivre le surligneur au mieux. Je suis désorienté.
On sort finalement de la forêt : il nous faut quelques secondes pour réaliser que nous sommes au col du Liorin. On hésite à couper au court ou à passer par le passage obligatoire sur la route jaune. On choisit l’option 2.
Une belle descente nous amène à ce point de passage où les signaleur nous pointent.
Dernière nous, le sert file de la croix rouge…
Salomé me remonte indirectement le moral en déclarant:

en tout cas elle était vraiment cool cette descente

Elle a raison, on est avant tout là pour se faire plaisir! 🙂

On part vers la seconde balise. On se laisse un peu embarqués par le flot et on loupe une intersection. Demi tour.
C’est le moment de se ressaisir !

Arrivée au niveau de la balise 2, rien. Enfin rien, pas de balise, mais beaucoup de monde qui cherche !
Jo surfe sur sa forme et quadrille un bon bout de terrain. Je me laisse aller.
Je finis par me prendre en main, et aller voir rapidement. On rameute les troupes pour établir le constat : elle n’y est pas.
On file.

Un peu plus loin, les riverains sont très énervés : des vélos sont descendus droit dans leur champ.
On apprendra par la suite que ce propriétaire en colère a déplacé la balise 2 pour justifier le fait que les concurrents aient coupé dans son terrain.

On reprend un peu du poil de la bête. La suite de la carte me fait peur : un mur se dresse face à nous.
Je n’en parle à personne.
On entre assez vite dans le vif du sujet. Au dessus de nous on voit les équipes qui nous précèdent. Il y a 200m de D+. On commence par pousser. Assez vite la pente est trop raide. On porte le vélo sur le dos.
Chacun est dans sa bulle. (pas le courage de sortir l’appareil, je regrette un peu). Un grand moment de raid.

Après ça, le parcours est meilleur, je reprends l’envie d’y aller. On redescend sur Méaudre. La porte horaire de 10h30 est largement franchie, on part sur un bonus de 2x30minutes. J’ai du jus mais pas encore la foi pour aider Batou ou Salomé. Heureusement Jo est vraiment en jambes aujourd’hui.
Les deux balises faciles empochées, on arrive au ravito de midi. On nous y apprend qu’il est réduit à 5minutes, et qu’il y a de l’attente au biathlon. 4min50 plus tard on quitte l’endroit pour rejoindre le pas de tir.

Il y aura 20 bonnes minutes d’attente ici… (les équipes qui n’ont pas pris le double bonus nous ont rejoints).

Le principe est classique : une boucle à effectuer, un tir de 5 plombs, le ou les tours de péna si besoin et relais!

John fait un start de malade, c’est Salomé qui lui charge la carabine. C’est un sans faute mais pas très rapide.
Salomé court à son tour. Je lui charge son arme. Dans la précipitation elle tire dans la cible voisine!
Elle tire ensuite ses 5 plombs sans faute et effectue un tour de pénalité pour son erreur !
A mon tour : course correcte, tirs ok même si je suis frustré par le chargement vraiment lent : on est plus à l’aise à charger son arme seul il me semble !
Max et Batou font eux aussi un sans faute. On réussit donc un 26/25, avec du coup un tour de péna. Pas trop mal ! 🙂

La suite est un trail de 8km et 800m de d+. Il ne faut pas traîner, on a peut-être une chance de faire la balise bonus sur les crêtes. Pour ça il faudra arriver avant 12h15 !
Début un peu aléatoire au road book. On retrouve finalement le chemin.
Le rythme est bon, voir impressionnant (on arrive tous à trotter un peu, alors qu’on en est au deuxième jour à plus de 7h de course !).
Néanmoins, un peu plus loin, on met un certain temps à rattraper une vieille randonneuse au bob.
Arrivés à son niveau, elle nous lance:

Moi j’adore regarder les jeunes marcher ! J’ai 88ans et j’ai toujours fait comme vous!

On vous recrute ! lance Batou

Ça laisse rêveur. On revient sur une première équipe de la fournée précédente au biathlon. La montée est régulière et la pente idéale. Le chemin zig-zag dans la forêt et quelques troncs nous bouchent le passage.
Salomé accrochée à mon élastique, Batou à celui de Max, l’allure est excellente.
John se tape un ptit délire:

– oh une mouette!

– Je vois la mer!

Ambiance… 🙂
Un peu plus haut on croise Oli qui nous confirme que la barrière horaire pour la partie bonus est à 12h15 et qu’on ne l’aura pas. Je rage un peu. Foutue attente au biathlon. Je tiens l’allure en espérant qu’ils nous fassent une faveur.

On arrive sur la crête à environ 12h23. Pas moyen de négocier.
Le BE me dit que « ça ne rapporte que 5 minutes et sans compter la fatigue ». Il me dit aussi que les autres équipes ne sont pas loin.
Il a raison: c’est le moment de recoller le bon wagon. Salomé suit vraiment bien. On bascule rapidement vers les vélos.

On rattrape l’équipe des Dahus qui, jusque là, font un super jour 2.
Sans traîner on tombe vers la vallée.  Le sentier est très technique, il y a des lapias en pagaille.
On double une nouvelle équipe mais quelques dizaines de mètres plus loin John pince l’arrière. (crevaison lente de la veille, pneu légèrement sous-gonflé.)
On répare en vitesse, mais au moment de retirer la pompe, le petit piston y reste coincé et casse. Il faut démonter à nouveau !
Je n’arrive plus à enlever le pneu sans outils, on perd donc encore du temps à sortir le multi pour déjanter. On regonfle correctement et c’est reparti.
Le chemin technique nous réussit bien, on avance pas trop mal. On revient assez vite sur les équipes qui nous avaient doublés pendant la crevaison.

A une intersection, plusieurs équipes sont bloquées sur la gauche à la recherche du chemin (intersection pour le Gouffre Berger). Je prends à droite. On se retrouve en seconde position.
On débouche sur le plateau du Sornin, la vue est splendide. On en prend encore une fois plein les yeux ! Que du plaisir.
On continue la descente vers Engin. Salomé a un petit souci de dérailleur mais Jo nous fait une réparation en mode pierra-feu tip top.
On enchaîne depuis Engin vers Sassenage avec une nouvelle crevaison de Jo sur une partie où on roulait fort et vite.
Malgré la distance faible restante, on décide de changer de chambre.
La suite est jalonnée jusqu’au parking des Cuves. On y coupe finalement et définitivement le chrono pour ce raid INP 2011.
On félicite « les raideurs du matin », arrivés 10 minutes avant nous.
Max négocie de ne pas faire le canyon, pour sa cheville.
On s’équipe et on part mourir de chaud dans nos néoprènes jusqu’au départ du circuit proposé.

Deux rappels, une tiro, un saut… c’est court mais c’est ludique et ça rafraîchit (vidéo à venir).

On prend un peu notre temps, mais on finit par se résoudre à rentrer faire les 15 derniers kilomètres vers le campus. (à noter une 3ème crevaison de Jo !)
On rigole bien en essayant divers montages de « tire minette »: 2 pour 1, 1 pour 2, 1+1+1,…

Sur le campus, Marion, Amandine et mes parents sont là pour nous accueillir. C’est agréable.

Il faut trouver l’énergie pour démonter les pédales et les divers accessoires, trier les affaires communes, …le podium arrive assez vite.
Ils commencent par les partenaires, puis par le classement des activités (Biathlon, Tir à l’arc, CO).
Vient alors le podium général.
En troisième position… suspense… « Trek it Easy« ! Bravo à eux! (bon déjà on est pas 3!)
En deuxième position… tension palpable… « les raideurs du matin« ! oh punaise! on est 4ème? non pas possible, on avait trop d’avance! 1er? mais comment?
En première position …. « les chauds patates« ! Ouais!!!! c’est nous!

Tellement contents que j’en oublie de remercier les bénévoles et les orgas!

Nos grosses pénalités ont été largement temporisées par nos belles CO (2ème meilleure).
Les « raideurs du matin » sont excellents globalement. Malheureusement ils ont fait deux toutes petites CO (15ème position) et cela n’a pas pu consolider leurs excellents chronos. Je suis un peu déçu pour eux parce qu’avec la journée catastrophe qu’on a faite il y avait vraiment une place à prendre.

Les résultats complets

Bravo Jo, pour les deux jours, la bonne humeur, les crevaisons enchainées et la grosse patate du dimanche.
Bravo Batou pour t’être accroché du début à la fin, n’avoir rien laché et avoir tout donné pour ne jamais, au grand jamais, risquer de te faire tracter par Salomé.
Bravo Max pour ta course avec ton manque de sommeil (retour de Chine) et ta cheville en vrac le dimanche.
Enfin, bravo Salomé, pour ta joie, ta fougue et ton pur esprit patate ! sacrée recrue la nana !

C’était la 4ème édition du raid à laquelle je participe et la meilleure que j’ai faite jusque là !
Comme l’ont dit Batou et Philippe de Issy:

le raid INP n’a rien à envier aux grands raids comme le Mercantour ou les Dentelles.

Cette année on avait un directeur de course et une équipe d’exception. ;o)
Enfin, un grand bravo à tous les concurrents. Merci pour votre sourire et votre sympathie.
Rendez-vous l’an prochain ou en octobre pour le raid chauds patates! (Même ambiance, c’est promis !)