Dimanche 9 mai, 4h30 du matin. Je suis réveillé déjà depuis 25 minutes et n’arrive plus à fermer l’oeil. Notre départ est prévu à 6h11 en avant-avant dernière position.
J’ai prévu de réveiller les autres patates un peu avant 5h, 1h20 devrait suffire aujourd’hui.

Après le traditionnel pipi du matin, je regagne l’ambiance encore calme du gymnase pour sortir mes camarades de leur lourd sommeil réparateur et les motiver pour cette lourde journée qui nous attend.
Les grognements sont les même que ceux du samedi, il est tôt pour se lever.

Le dortoir géant est, comme le souligne Olivier, encore très calme alors que les premières équipes s’élancent dans 30 minutes. Même menu que la veille, les gateaux sports au chocolat. Tout le monde mange à son rythme. Les sacs ont été préparés la veille, nous nous sommes réparti les derniers gels, il en manquera pour terminer la journée.

La préparation est efficace, avant 6h tout le monde est en tenue prêt à décoller. A 5 minutes du départ on apprend qu’on demande aux équipes deux lampes frontales (à l’arrière et à l’avant) car le jour n’est pas encore tout à fait prêt lui non plus. Hélène proposera la sienne facilement accessible. Une suffira, pour nous la nuit ne durera pas plus de 10 minutes.

Ce sont les Playmobiles, l’équipe 1, meilleur temps du prologue (et de loin), qui s’élancent une minute devant nous. Nous serons pourchassés par Raid 74 vert et les fruits du chêne, avec Flavien, qui ne sont malheureusement que 4 ce matin.
On dit « à tout de suite » à nicnic et son équipe raid 74 rouge qui s’élance vers 6h08-6h09.

A 30 secondes du départ la pression est bien là.
Les jambes répondent bien ce matin, je n’ai pas de douleurs particulières vis-à-vis de la veille.
20 secondes …
Je n’ai pas osé prendre des nouvelles en redoutant que l’un de mes coéquipiers ait des douleurs… J’ai testé le moral d’Hélène qui est plus que remontée à bloc, une niak d’acier la championne.
10 secondes
Le road-book indique pas mal de route au départ, mais quand même presque 30km et 800m de dénivelé.
5-4-3-2-1-Chauds patates!!!!!!!!!!!!

départ jour2

départ jour2

Nous voilà partis, à bloc comme d’habitude ! Je roule en tête sur la route plate pour le moment. Tom toujours à fond nous encourage vivement. Les voiles nuageux ne masquent pas les routes, on distingue déjà les Playmobiles.
L’orientation ne présente pas de difficulté, et la petite route que nous empreintons devient plus raide alors que nous sommes côte à côte avec les favoris.  Robin, le seul de l’équipe que je connaisse vraiment, a l’air pas trop mal, même si ce n’est pas la grande forme.

Olivier tracte déjà Hélène dans une pente à 12%-15% facile. On rattrape une autre équipe qui monte à pied (de la route !). On arrive enfin sur un sentier large. Et on arrive déjà dans les bouchons…
Physiquement la forme est là, j’ai bien récupéré de la veille. On embarque le vélo d’Hélène et on essaie de doubler le maximum d’équipes. La tache n’est pas aisée, chaque équipe c’est 5 personnes qu’il faut doubler 5 fois. A pied ça ne pause pas de problème, mais à VTT ce n’est pas super facile.

Je reste concentré sur le RoadBook, en tête d’équipe. Petit moment de panique quand on s’aperçoit que John est à notre niveau et que donc Hélène est seule quelque part derrière. Je récupère le vélo de Tom qui part à sa recherche à pied.  L’opération est un succès car notre reine du raid nous rejoint rapidement.
Dans le meltingpot de raideurs je crois reconnaitre les raid 74 rouge et nicnic.

Le jour se lève et la vue s’ouvre un peu avec la hauteur. C’est beau. Les sentiers sont vraiment sympas sur cette colline. C’est plein de single track un peu techniques mais pas trop, en sous-bois.

Nous avalons beaucoup d’équipes toujours sur un rythme hallucinant. Olivier en grande forme nous fait rêver et continue à aider Hélène seul sur les parties roulantes.
Après presque une heure de course j’invite toute l’équipe à se restaurer pour ne pas reproduire l’erreur de la veille. Nous profiterons d’une partie d’asphalte pour tous prendre un gel.

Au Col des Échelles nous voilà déjà pointés en 3 éme position! quelle remontée! Nous roulons maintenant avec des équipes parties 20-25minutes avant nous.

La suite du parcours est descendante et le rythme est toujours élevé. Sur une bonne partie suivant le col le Road-Book est un peu léger. Après avoir douté un peu, je me raccroche finalement à un carrefour clairement identifiable. Le sol est boueux et glissant. Les racines et les pierres sont de vrais pièges.
Les fourches des Commençal Premier qui nous servent de montures sont raides et le pilotage n’est pas facile. Hélène s’en sort bien, ce n’est pourtant pas du tout son point fort.

Nous roulons avec l’équipe 6 dont le capitaine et orienteur porte le magnifique prénom de Gaëtan il me semble. C’est une bonne équipe, ils roulent fort et vite quand nous commençons à faiblir.

Presque arrivés à notre destination, le RoadBook indique un croisement piégeu. Après une épingle, il faut passer trois rigoles et un single invisible part alors à gauche.  Nous attaquons une montée sévère, où il faut pousser les vélos. Après 5 minutes de montée, toujours pas de traces du fameux sentier. ni de l’épingle. John et Oliv ne sont pas non plus à l’aise avec ce carrefour.
L’équipe 6 nous a suivi jusqu’ici.
Il y a des croisements qui ne figurent pas sur le Road Book, un arbre à passer… une épingle à cheveux ! mais pas de rigole… et on continue à monter… 🙁
Il faut s’y résoudre, nous sommes perdus ! J’ai loupé le chemin, c’est pas vrai… 🙁

Je propose à mes amis de partir sur la droite en suivant les panneaux jaunes. Si nous avons effectivement loupé le chemin, il est forcément de ce côté, nous devrions le retrouver.
Ils acquiescent et nous descendons raide dans un chemin mal entretenu et pas facile à pratiquer. La montre défile. Je bouillonne, tout cet effort en vélo pour rien, on perd énormément de temps… Certains passages se font à pieds pour être sûr de ne pas se blesser. Je pense à Hélène qui doit me haïr, elle qui n’aime vraiment pas les parties techniques.

On tombe soudain sur une équipe en contre sens ! L’orienteur, sûr de lui m’assure venir du n-ème croisement. Je lui explique que nous nous sommes perdus au n moins 3 ème . Très étrange… presque convaincu par l’assurance de l’homme à la carte, je retourne mon vélo et commence à remonter la pente tout juste dévalée. Olivier et John doutent. Ils m’invitent à peser le pour et le contre. Je demande aux autres membres de l’équipe si ils sont premiers, si nous les avons déjà doublés. « oui, vous nous avez déjà doublés il y a longtemps ». Oliv et John ont bien raison, nous devrions continuer à descendre.

1minute plus tard nous tombons sur un point de contrôle ! ouf ! nous avons rattrapé le parcours et sans manquer un seul checkpoint. On nous apprend qu’il y a une quinzaine d’équipes devant, la première à 15 minutes.
Voilà donc le temps que nous avons dû perdre.

J’empêche Olivier d’aider à nouveau Hélène dans la dernière côte. Il faut qu’il soit frais pour la CO que nous avons décidé qu’il ferait entièrement. Rapidement nous déposons les vélos. L’arrêt au ravitaillement est quasi nul, nous voulons vite récupérer notre place. Je sors mon super élastique vert et le tends à Hélène. Le but est de l’aider à suivre le rythme des trois rigolos qui sont déjà à fond. La piste de liaison vers la CO est bien plus longue que j’avais imaginé. J’ai refusé par deux fois de sortir mes bâtons pensant que nous arriverions vite sur zone.
Le chemin d’abord plat et bien roulant, devient assez vite plutôt raide. Nous y allons bon rythme et doublons au moins 3 équipes.

Nous arrivons sur les hauteurs de la colline et la forêt laisse place à des espaces ouverts avec des herbes hautes. Nous croisons les Raid 74 vert, carte en main, qui nous lancent un « les patates sont cuites »… ils ne perdent rien pour attendre. Quand cette petite attaque m’amuse, elle agace un peu mes camarades. Hélène me lance un « je vais lui faire sa fête » tout sourire.

Olivier, chauffé par la partie sur IGN que l’on termine, s’empare de la carte de CO. Je prends bien soin de ne pas décrocher Hélène et déclenche mon chrono : nous avons 45 minutes, chaque minute supplémentaire nous coûtera 10 minutes. Il y a 3-4 balises obligatoires, les autres valent toutes 10 minutes.
Je reste en mode cerveau off et profite du paysage. Oliv à l’air de savoir ce qu’il fait. Nous côtoyons les pompiers de Seyssinet sur ce début d’épreuve.

Les balises s’enchainent assez rapidement, c’est pas facile de savoir si l’on peut rester sur les chemins où s’il faut suivre les loulous dans les branchages. Je profite d’une balise pas évidente pour offrir un gel à ma coéquipière et en prendre un à mon tour. De chemin en coupe à travers bois, nous sillonnons la campagne à la poursuite de notre orienteur fou. Il m’explique qu’il a choisi, étant donné le temps limité, de ne prendre que les balises faciles. Il ne reste déjà que 10minutes, nous nous dirigeons vers l’arrivée.
Petite hésitation, encore une balise ou c’est trop juste ? Nous jouerons la sécurité et on file directos au tir à l’arc.

Oh, des têtes connues ! Déjà Amandine venue nous encourager ! avec l’appareil photo 🙂

John a l’arivée de la CO

Puis les Playmobiles en train de tirer à l’arc, et les raid 74 vert avec eux. Un peu d’attente et donc un peu de repos. Hélène nous convie à un petit conseil d’équipe. « On ne tire pas tant qu’on voit pas le centre » !

Hélène en coach

Allez, c’est à nous. Tom se dévoue au tir à l’aveugle (dans un souci d’ouverture au monde handicapé, l’un des membres tir en aveugle, il faut viser avec le son). Chacun s’applique et la prestation est plus que correcte ! ils ne prennent que la meilleure perf de chacun et on a presque tous mis une flèche au centre.

comme des pros?

On repart avec un peu plus de points que les raid 74 vert, confiants. Direction la prise vélo au centre de St Julien de Raz. Le ravitaillement est rapidement avalé, la carte est en place, on est partis ! On croise les raid 74 vert en sens inverse, partis sans vélo. Ça fait rire tout le monde. L’ambiance est bonne, on envoie du gros. Les descentes sont toujours laborieuses pour Hélène, mais la progression est rapide tout de même. On pose nos vélos à St Joseph de Rivière, talonnés par les verts. On retrouve pas mal de monde bloqué par les RoadBook arrivés tardivement.

On part donc à pied, à bon rythme derrière les fruits du chêne. A 4 mais avec la niak quand même, ils ont une superbe allure. J’annonce un ravitaillement et la pause de 15 minutes pour bientôt sans vraiment en connaitre la distance. Bâtons sortis, nous avalons le déniv. à grandes enjambées. 300m plus haut, et moins de 20 minutes plus loin, on croise Folk, le petit chien de mes parents ! Eux aussi sont venus nous encourager!
Nous sommes en tête de cortège ! les premiers à nouveau!

arrivée au ravito 

Ces 15 minutes de ravitaillement vont faire du bien ! Hélène a souffert. En sur régime toutes ces dernières minutes, elle est un peu à bout… Après nous avoir proposé une paire de bâtons, Flavien au grand coeur offre un gel à Hélène, on est tous à sec. Assise sur un tronc d’arbre, elle reprend doucement ses esprits et ses forces.

Hélène a poussé un peu dans la dernière montée

 

miam

miam

Les raid 74 arrivent 8-10minutes après nous, c’est confortable 🙂
Tom, nerveux, s’en va avec Hélène alors qu’Olivier tarde un peu au ravitaillement. Nous partons sur une grande piste montante, prêts à attaquer les 900m de dénivelé supplémentaire annoncé par le RoadBook. La prochaine instruction : quitter la piste et prendre un chemin à gauche. Pancarte à terre.

Un chemin raide part sur la gauche, mais il n’y a ni marquage jaune, ni pancarte. Nous décidons de l’empreinter tout de même car la pente est importante et que nous devons manger du déniv. Nous devrions pouvoir rattraper le bon chemin dans tous les cas puisqu’il doit partir après.

Nous sommes suivis par les 4 fruits du chêne, toujours à vive allure. Après quelques minutes d’ascention, nous arrivons sur un sentier presque horizontal où deux choix s’offrent à nous : la gauche à flanc, la droite à flanc.
toujours persuadés que nous devrions bientôt recouper notre chemin de montée, nous partons à droite.
Le dénivelé est nul, ou presque, la tension monte. La possibilité d’une grosse erreur se fait plus présente.
Olivier propose de revenir sur nos pas et de partir à gauche, pour voir.

Le chemin y débouche sur une petite falaise et un point de vue : ça ne peut être la bonne option, retour au croisement… Ah, nous ne sommes pas les seuls à être perdus apparemment, nous rejoignons les Playmobils et les pompiers, puis les fruits du chêne et raid 74. voilà 5 équipes de plantées. 24 coureurs dans la nature…

D’un commun accord nous progressons à flanc, par la droite, à la recherche de notre chemin jaune de montée. Le RoadBook n’est d’aucune utilité. Il possède bien un bout de carte IGN en noir et blanc, mais nous sommes en dehors.
La traversée est longue et pénible. Le profil en tête de RoadBook indique pourtant  une partie plane, peut- être faut-il commencer par ce genre de parcours ?
Toujours pas de trace du chemin jaune censé monter au « cul de la lampe ». Les équipes sont toujours groupées. On propose un coup de bigot à l’orga. Action sans succès, c’est répondeur…

On continue à bonne allure pour trouver rapidement notre sentier tant attendu. Soudain, surgissant de nul part, un petit sentier, balisé jaune ! Nom de dieu ! On y croit, on en a trop envie.

Nous voilà partis, suivis par les fruits du chêne, à notre vitesse de croisière de 800-900 m/h sur ce petit sentier qui monte. Le « cul de la lampe » est annoncé à 1400m. J’essaie de garder un rythme régulier sans crever Hélène qui était fragile au dernier ravitaillement. J’essaie d’expliquer ça à Tom qui ne comprend pas bien.

La végétation est plus alpine, les falaises se dessinent. L’alti nous indique plus de 1300m, ça sent la fin. Les fruits du chêne sont toujours avec nous, et nous sommes suivis par les pompiers. Par contre pas de trace des Vert et des Playmobiles.

1400m passés, toujours pas de pas… c’est sûrement dû à la dépression, le ciel est très chargé.
Voilà enfin le pas, Tom a pris mon relais et aide Hélène à en finir avec ce fichu passage.
Nous passons un névé et une partie d’escalade. ça ne ressemble pas vraiment au cul de la lampe… De plus le névé est vierge, il devrait y avoir les traces des ouvreurs !

On sort de ce beau pas sur un magnifique champ de jonquilles. Il pleut. L’eau est glaciale et le vent polaire. J’invite tout le monde à mettre son Kway. C’est que Tom serait presque rétissant le bougre !

Oliv nous repère sur le bout de carte. On est 1km trop à droite du cul de la lampe, il propose de couper par les bois : une traversée avec environ 200m de dénivelé, négatif, 🙁
de toute façon on a pas le choix, tout droit on a encore plus de déniv. et on est pas sûrs que ça passe, et à droite on sort de notre bout de carte.

Oli emmène donc nos trois équipes à travers bois et névé. Hélène m’a piqué un bâton et avance à bonne allure à travers les obstacles : plaque de neige, arbre en travers, petit ruisseau, ressaut pierreux.
Je prie pour que la forêt reste praticable jusqu’à l’objectif.
Ce dernier est en vue après une quinzaine de minutes : le kway jaune fluo des bénévoles nous encourage à ne rien lâcher. Avant de rejoindre le sentier, il nous faut descendre un névé bien raide. Hélène n’est pas super à l’aise et je la comprends. La fatigue ne nous aide pas à avoir un pied sûr.

Tom nous a attendu en bas, il propose sont tendeur à Hélène et me demande les bâtons. Le sentier est meilleur. On rejoint les bénévoles et nos deux acolytes, Oli et John. Je suis bien content de faire équipe avec des costauds pareils, j’espère que ça durera ! Les deux bénévoles nous proposent du thé chaud ! Génial.
Je n’en sens pas le besoin mais salut l’initiative. Ils nous annoncent 7 équipes devant.
Oliv demande un nouveau raid-book car le notre n’a pas supporté la pluie. Je l’en dissuade : toutes les équipes sont dans ce cas, si ils nous donnent leur raid-book, d’autres équipes pourraient en manquer, et on sait que l’on peut se débrouiller sans.

et dire que nous étions en tête… combien de temps avons nous perdu dans notre périple ? nous ne le saurons sans doute jamais.

Il fait horriblement froid. La neige recouvre maintenant le sol et le vent nous lance la pluie glacée en plein visage. Le seul échappatoire est le sommet, nous nous en rapprochons bon train, utilisant des ressources insoupçonnées.

Je fais une pause pour réparer les bâtons de Tom qu’il n’arrive plus à utiliser. Je prends rapidement beaucoup de retard sur les amis qui avancent toujours à un rythme impressionnant. Malgré la météo horrible, le circuit  est vraiment chouette. La neige recouvre encore pratiquement la totalité du sol et la progression n’est pas aussi rapide que voulu. Nous doublons quelques équipes. Arrivés au col de la Sure, le vent redouble d’intensité, il fait vraiment très froid, c’est dangereux. Je prends le relai de Tom, Hélène me demande une barre. Nous arrivons rapidement au col de la grande vache, et saluons les deux bénévoles blottis au fond de leur tente dans le blizzard infernal.

Hélène s’est détachée. Elle file à vive allure dans la descente neigeuse. On la suit. Nous n’avons plus de dénivelé à réaliser à pied et cette nouvelle nous procure un regain d’énergie.
Notre excellent rythme nous permet de rejoindre une équipe et le col de la Charmette rapidement. Le Road Book nous a définitivement lâché mais les bénévoles nous invite à suivre la route jusqu’aux vélos.

La route tappe fort, c’est long… il nous faudra pas mal de temps pour rejoindre mes parents, Amandine et nos bénis vélos. La route de la Charmette était coupée, ils n’ont pas pu y monter les vélos 🙁
Ravitaillement bien mérité, je demande au bénévole qui tentait d’expliquer le chemin à Tom de me la refaire, si c’est le roux qui oriente on est pas rendu 🙂

arrivée aux vélos, enfin

Ca n’a pas l’air sorcier, mais il faut rattraper le parcours initial dans une épingle à cheveux qui du coup ne ressemble pas car nous y arrivons par un autre côté. Pas manqué, je m’y plante. Il faut dire que le RoadBook indique « direction Grenoble » et qu’à ce croisement, les deux routes indiquent Grenoble ! super.
A ce point de l’effort, les erreurs sont lourdes. Après déjà 8h d’effort,  l’âme est mise à nu, on ne se cache plus derrière un beau sourire, c’est plus dur de prendre sur soi.

Encore une petite erreur qui nous coûte quelques minutes. La suite de la descente est sympathique. Les chemins techniques ne sont pas toujours faciles à négocier avec la fatigue. Olivier en fait les frais sans gravité.
Nous arrivons rapidement à St Egrève, accompagnés par une équipe avec qui nous avions plaisanté la veille au repas.

A notre grand malheur, le parcours remonte sur la montagne du Neron et nous emmène sur de petits sentiers bien sympathiques mais épuisants. Nous traversons le parc de Fiancey et prenons la piste cyclable, direction le pont d’Oxford et le canoë!

L’équipe ne faibli pas, l’allure est vive. On laisse les vélos et les sacs, on s’hydrate.
Le canoë propose deux parcours: 3.5km ou 5km. les deux sont un aller-retour sur l’Isère.
Le parcours 5km est bonus. Comme la veille, il nous faut faire les costauds pour rester dans la course.

Un canoë de 3, un de 2. John et Tom, les deux costauds, montent ensemble. Hélène, Oli et moi embarquons dans la même galère.

les deux chefs déjà à l’attaque

Le moniteur m’invite à m’assoir bien en arrière et à diriger le canoë avec la pagaie simple. L’idée me plait moyen mais je m’exécute.

équipage à bord

Ni une, ni deux, nous fonçons dans le courant et droit dans les arbres! Aïe Aïe Aïe, c’est pas gagné cette histoire.
John et Tom filent déjà à bonne distance.
Je galère avec ma pagaie simple pour diriger, je dois changer de côté en permanence et n’arrive pas à me synchroniser sur mes deux membres d’équipage, ce qui vaut quelques coups de pagaie à ma pauvre Hélène qui heureusement, a gardé son casque.
Le canot ça m’énerve ! c’est l’enfer, je comprends jamais comment ça marche ! en plus j’ai toujours des crampes, je suis mal installé…
On rejoint assez vite la bouée où il faut faire demi-tour à 2.5km. dans le sens du courant, ça allait. Nos deux avions de collègues ont déjà presque 100m d’avance.

Hélène récupère la pagaie simple et moi la double, je me sens plus à l’aise. Il nous faudra encore cinq bonnes minutes pour être opérationnels et avancer à bonne allure. Les deux loulous ont 3 minutes d’avance et discutent avec une autre équipe et avec Sebastien Sxay qui s’amuse avec sont kyak. Le reste du parcours est au mental. C’est notre dernière épreuve chronométrée, il faut y aller ! on croise les pompiers à mis parcours qui nous encouragent. Vraiment sympas les copains.
A quelques mètres de l’arrivée, on croise raid  74 vert qui viennent d’embarquer. On a 40 minutes d’avance sur eux.

La sortie du canot est laborieuse, j’ai les jambes très raides. On court tout de même poser nos embarcations pour pouvoir couper le chrono.

Ca y est, le raid est fini. Nous nous rendons tranquillement au stade des Alpes et sur l’anneau de vitesse, chrono stoppé. L’émotion est bien présente au passage de la ligne, on en a terminé !

arrivée

Sans trop attendre nous participons aux jeux proposés par l’organisation et affrontons la terrible équipe des verts pomme, vainqueurs étudiants du raid.L’ambience est au top malgré la fatigue.

David S. qui avait participé au prologue à la place de John est venu nous voir, il y a aussi Justine venu supporter notre championne. Amandine est encore là, une vraie fan ;).

les sacrés vert fluo une bonne partie de rigolade catapulte! les planches, je crois que les verts ont triché… 🙂

La douche du stade des alpes est super chaude et nous redonne de la vigueur. La remise des prix ne se fait pas trop attendre et nous avons la superbe surprise de monter 3 fois sur le podium ! Meilleurs CO (ex aequo avec raid 74 vert avec 10 balises) et meilleurs Canoë ! Comme je le dis au micro, c’est un peu insoupçonné aux vues de nos difficultés de navigation… La joie est à son comble quand ils nous appellent pour la 3ème et dernière fois vainqueurs du Raid INP 2010!

podium Hélène tout sourire, comme d’hab

Que d’émotions en deux folles journées ! Ce raid est jusqu’à maintenant mon meilleur souvenir sportif. L’équipe a fonctionné à merveille et j’ai pris mon pied comme pas deux.

– Un grand coup de chapeau à Hélène notre championne qui est aussi tarée que nous 4 et se surpasse pour nous suivre ! Elle va nous manquer l’an prochain notre belle patate ! vivement que les études soient finies ! 🙂

– Tom le fou furieux qui tire certainement ses forces de sa capillarité extraordinaire, quelle machine… Il a quand même réussi à finir le raid avec une cheville en vrac sans s’en apercevoir ! il a toujours su me vendre du rêve !

– John et sa légendaire bonne humeur. Toujours la patate ! Super content que son genou et que son dos ne l’aient pas fait souffrir. C’est une patate que l’on chéri et que l’on garde dans le coeur.

– Oli mon hero. Toujours sur la même longueur d’onde, je sais que je peux compter sur lui à tout moment. Un élément indispensable à la réussite d’une performance pareille !

Super content de ma belle équipe, j’ai passé la semaine sur un petit nuage à rêver aux aventures passées et celles à venir… Le raid in France fin août ? un raid au Maroc, cet automne ?

On verra bien!
Merci à toi petit lecteur, à très bientôt pour les nouvelles aventures des chauds patates!

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